Folie d'art - Page 7

- Carnet d'écriture -

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La grande question lors de l’écriture d’un récit documentaire, ce sont les recherches, la gestion des recherches.

Si les supports de recherches ne posent pas problème - documents d’archives, mémoires universitaires, biographies, monographies, etc... -, c’est leur usage qui interroge.

D’abord, la sélection, la pertinence des informations, ensuite leur hiérarchisation par rapport au sujet, enfin l’espace d’écriture qu’il faut accorder, ce qu’il convient de développer ou peu. J’ajoute la question des digressions qui n’en sont pas vraiment, qui permettent de contextualiser, de relier à d’autres sujets éventuellement.

Ou, comme le dit mon illustrateur de mari à propos de ses dessins : jusqu’où aller trop loin ?

Cette question de la gestion des recherches pose celle de la réception du récit par le lecteur : comment connaître ses pré-requis ? Quelles limites pour l’implicite ? Je cite des artistes, des périodes et mouvements politiques historiques ( la guerre d’Espagne, le POUM ... ). Il s’agit de ne pas perdre le lecteur, de ne pas l’assommer ni le lasser non plus. Ni trop ni pas assez. En préservant un rythme au récit, pour le plaisir et confort de lecture.

Ainsi, ce questionnement intervient également sur le découpage du récit, sa longueur ( considérant que j’ai la prose dense, comme l’ont constaté les lecteurs de ce blog... ), les chapitres, le choix chronologique ou pas, et la cohérence, rendre « le fil » toujours suffisamment visible.

Il est possible d’ajouter des notes, en bas de pages, en fin d’ouvrage. Ce n’est pas mon principe. Ces notes briseraient le rythme narratif que j’espère apporter à ce récit. Mes premiers lecteurs ( à qui j’ai soumis quatre chapitres ) m’ont affirmé que la lecture est fluide et prenante, le ton enlevé, malgré la somme d’informations. J’essaie de les croire et de m’y tenir.

Les recherches, c’est aussi, c’est surtout la passion du sujet sous tous ses aspects. Voilà pourquoi il est si difficile de se limiter. Je ne cesse d’explorer, de découvrir, d’approfondir. L’écriture du récit ou le prétexte parfait à se donner pleinement à son sujet, en préservant sa petite part d’affect et de subjectivité.

L’amie de toujours me dit que j’écris trois livres en même temps, que peut-être même je ne terminerai jamais celui-ci parce que j’écrirai ceux sur ces aspects que je ne peux pas développer. Le livre-fétiche. Elle n’a pas tort. Je prends beaucoup de notes et de références pour « ces aspects que je ne peux pas développer », je dis « plus tard » et « après ». Je reconnais qu’en parallèle  je rédige comme des fiches pour accompagner mon récit, à la façon d’un abécédaire, et je collecte pour une monographie qui ( me ) manque.

Alors les recherches, ce sont également les délais. Faut-il s’imposer un délai, pour arrêter les recherches, pour en terminer avec l’écriture et ses multiples corrections ?

Une éditrice m’a répondu : il y a deux cas, soit je soumets mon projet en cours d’écriture ( avec présentation et  plan détaillé pour vue d’ensemble ), soit je ne le propose que lorsque je pense l’avoir terminé. Dans le premier cas, je peux être accompagnée mais donc aussi dirigée, influencée - se confronter à cette expérience est intéressant -, il y aura un délai suite au contrat; dans le second cas, ce sera uniquement mon récit, sans changement ou adaptation éditoriale ( pour mon sujet, je sais que ce pourrait être appuyer particulièrement sur l’un des aspects ), un Oui ou Non.

J’en suis à mi-chemin de ce récit, je dois prendre une décision.

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Commentaires

  • niki

    1 niki Le 31/03/2023

    l'article est intéressant en tout cas
    marilire

    marilire Le 01/04/2023

    Je te remercie.
  • Autist Reading

    2 Autist Reading Le 31/03/2023

    Pour l'avoir entendu maintes fois de la bouche de romanciers, la phase de documentation est critique en ce sens où si on n'y prend garde, elle peut se poursuivre éternellement... jusqu'à signifier la mort dans l’œuf de l’œuvre en cours. Je comprends ô combien ce doit être compliqué de se se dire à un moment donné que le compte y est, qu'on a tout ce dont on a besoin en infos pertinentes et qu'on s'y tient.
    Pour ce qui est des pré-requis de tes lecteurs, le fil entre trop et trop peu est ténu. Choisir au départ que tu destines ton ouvrage à des "spécialistes" ou à des néophytes faciliterait la chose. Tenter de "ratisser" plus large complique ta mission.
    Les notes, en bas de pages ou en fin d’ouvrage, c'est pour les travaux "universitaires". Mais comme ton souhait est d'emporter ton lecteur avec toi (tout en l'instruisant), je pense comme toi qu'elles ne feraient que ralentir, voire perturber, ton fil narratif.
    A toi de voir à ce stade, si tu te sens de continuer sur ta lancée ou si tu penses qu'un accompagnement serait bénéfique à ton travail... Autant de choix, de portes à ouvrir ou à refermer, auxquels on ne pense pas (en tout cas, pas moi) avant de se lancer dans une telle entreprise déjà complexe en elle-même. Quoi qu'il en soir au final, je te souhaite le meilleur pour la suite. (et merci de partager avec nous cette aventure)
    marilire

    marilire Le 01/04/2023

    C'est exactement ça pour les recherches. Alors que j'essaie de m'en tenir à des références déjà listées, je viens de croiser dans une exposition l'ouvrage qu'il me faut pour un point précis. Parfois, il s'agit de rencontres. Quant aux lecteurs, mon projet est " hybride ", comme l'a dit l'éditrice, puisqu'il s'agit tout de même d'un récit. Ce qui me motive, c'est vraiment de partager cette histoire, de bien en faire comprendre les implications, c'est pour cela que je contextualise autant et loin, et de poser des questions. Echanger avec des spécialistes est très intéressant mais je préfère m'adresser à des néophytes ( avec le paradoxe que le sujet étant spécialisé, difficile d'en évaluer l'intérêt/ la curiosité quand on ne s'est jamais aventuré vers ces domaines ). Je crois que c'est pour cela qu'un éditeur préfère que je " spécialise " sur un aspect, c'est plus identifiable. Quant à l'aventure éditoriale, je me laisse encore quelques jours de cogitations, je ne peux pas faire attendre plus ( et puis, c'est compliqué de reprendre l'écriture en ne sachant pas ce qui va se passer pour ce texte, s'il va falloir adapter, etc ). Grand merci pour tous tes encouragements.
  • Kathel

    3 Kathel Le 02/04/2023

    C'est une question épineuse que ta question finale et comme le dit Autist reading, il est difficile de donner un conseil ou une suggestion. Je suis sûre que tu vas prendre la bonne décision, et en tout cas, merci de partager avec nous ce travail de création, et d'édition, que finalement on n'imaginerait que très partiellement sans tes billets.
    marilire

    marilire Le 02/04/2023

    Merci à toi.
  • A_girl_from_earth

    4 A_girl_from_earth Le 04/04/2023

    Si tu te poses autant de questions, ce qui est légitime, peut-être le mieux c'est de soumettre ton projet en cours d'écriture dès à présent à un éditeur pour avoir déjà un avis et un échange pro à ce stade, qui pourrait t'aiguiller sur la décision finale à prendre, celle avec laquelle tu te sentirais le plus à l'aise et qui corresponde aussi à tes envies ? Je suppose que ce choix n°1 qui est plus un tâtonnement qu'une décision ferme ne t'engagerait pas, si ? En tout cas, quel travail impressionnant et passionné ! J'espère vraiment qu'il aboutira.
    marilire

    marilire Le 05/04/2023

    J'en suis à la même réponse que toi ! Je vais soumettre le projet. Cela pourrait m'engager mais cela est une réflexion de deuxième temps ( si le projet est retenu, même avec adaptation, que je les accepte, il y aura proposition de contrat liant l'auteur et l'éditeur. L'accompagnement, c'est aussi ce travail d'éditeur :) ). J'ai peu avancé ce début d'année, trop de contretemps ( mais des contacts éditoriaux tout de même ).
  • Tania

    5 Tania Le 11/04/2023

    Ce questionnement me parle, je comprends que l'équilibre soit difficile à trouver entre le trop et le trop peu. Même pour un billet de blog, on se le dit souvent, alors pour tout un livre... Fais comme tu le sens, de toute façon il te faudra faire confiance à l'éditeur un jour ou l'autre.
  • Anne

    6 Anne Le 19/04/2023

    C'est passionnant de suivre tes recherches et ton questionnement !

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