- Carnet d'écriture -
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La grande question lors de l’écriture d’un récit documentaire, ce sont les recherches, la gestion des recherches.
Si les supports de recherches ne posent pas problème - documents d’archives, mémoires universitaires, biographies, monographies, etc... -, c’est leur usage qui interroge.
D’abord, la sélection, la pertinence des informations, ensuite leur hiérarchisation par rapport au sujet, enfin l’espace d’écriture qu’il faut accorder, ce qu’il convient de développer ou peu. J’ajoute la question des digressions qui n’en sont pas vraiment, qui permettent de contextualiser, de relier à d’autres sujets éventuellement.
Ou, comme le dit mon illustrateur de mari à propos de ses dessins : jusqu’où aller trop loin ?
Cette question de la gestion des recherches pose celle de la réception du récit par le lecteur : comment connaître ses pré-requis ? Quelles limites pour l’implicite ? Je cite des artistes, des périodes et mouvements politiques historiques ( la guerre d’Espagne, le POUM ... ). Il s’agit de ne pas perdre le lecteur, de ne pas l’assommer ni le lasser non plus. Ni trop ni pas assez. En préservant un rythme au récit, pour le plaisir et confort de lecture.
Ainsi, ce questionnement intervient également sur le découpage du récit, sa longueur ( considérant que j’ai la prose dense, comme l’ont constaté les lecteurs de ce blog... ), les chapitres, le choix chronologique ou pas, et la cohérence, rendre « le fil » toujours suffisamment visible.
Il est possible d’ajouter des notes, en bas de pages, en fin d’ouvrage. Ce n’est pas mon principe. Ces notes briseraient le rythme narratif que j’espère apporter à ce récit. Mes premiers lecteurs ( à qui j’ai soumis quatre chapitres ) m’ont affirmé que la lecture est fluide et prenante, le ton enlevé, malgré la somme d’informations. J’essaie de les croire et de m’y tenir.
Les recherches, c’est aussi, c’est surtout la passion du sujet sous tous ses aspects. Voilà pourquoi il est si difficile de se limiter. Je ne cesse d’explorer, de découvrir, d’approfondir. L’écriture du récit ou le prétexte parfait à se donner pleinement à son sujet, en préservant sa petite part d’affect et de subjectivité.
L’amie de toujours me dit que j’écris trois livres en même temps, que peut-être même je ne terminerai jamais celui-ci parce que j’écrirai ceux sur ces aspects que je ne peux pas développer. Le livre-fétiche. Elle n’a pas tort. Je prends beaucoup de notes et de références pour « ces aspects que je ne peux pas développer », je dis « plus tard » et « après ». Je reconnais qu’en parallèle je rédige comme des fiches pour accompagner mon récit, à la façon d’un abécédaire, et je collecte pour une monographie qui ( me ) manque.
Alors les recherches, ce sont également les délais. Faut-il s’imposer un délai, pour arrêter les recherches, pour en terminer avec l’écriture et ses multiples corrections ?
Une éditrice m’a répondu : il y a deux cas, soit je soumets mon projet en cours d’écriture ( avec présentation et plan détaillé pour vue d’ensemble ), soit je ne le propose que lorsque je pense l’avoir terminé. Dans le premier cas, je peux être accompagnée mais donc aussi dirigée, influencée - se confronter à cette expérience est intéressant -, il y aura un délai suite au contrat; dans le second cas, ce sera uniquement mon récit, sans changement ou adaptation éditoriale ( pour mon sujet, je sais que ce pourrait être appuyer particulièrement sur l’un des aspects ), un Oui ou Non.
J’en suis à mi-chemin de ce récit, je dois prendre une décision.
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Commentaires
1 niki Le 31/03/2023
marilire Le 01/04/2023
2 Autist Reading Le 31/03/2023
Pour ce qui est des pré-requis de tes lecteurs, le fil entre trop et trop peu est ténu. Choisir au départ que tu destines ton ouvrage à des "spécialistes" ou à des néophytes faciliterait la chose. Tenter de "ratisser" plus large complique ta mission.
Les notes, en bas de pages ou en fin d’ouvrage, c'est pour les travaux "universitaires". Mais comme ton souhait est d'emporter ton lecteur avec toi (tout en l'instruisant), je pense comme toi qu'elles ne feraient que ralentir, voire perturber, ton fil narratif.
A toi de voir à ce stade, si tu te sens de continuer sur ta lancée ou si tu penses qu'un accompagnement serait bénéfique à ton travail... Autant de choix, de portes à ouvrir ou à refermer, auxquels on ne pense pas (en tout cas, pas moi) avant de se lancer dans une telle entreprise déjà complexe en elle-même. Quoi qu'il en soir au final, je te souhaite le meilleur pour la suite. (et merci de partager avec nous cette aventure)
marilire Le 01/04/2023
3 Kathel Le 02/04/2023
marilire Le 02/04/2023
4 A_girl_from_earth Le 04/04/2023
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5 Tania Le 11/04/2023
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