Avec Lili, nous vous proposons un rendez-vous poétique chaque premier lundi du mois, au gré de nos lectures.
Pour ce premier lundi de février, mois sud-américain sur Lire & Merveilles en compagnie de Anne, je suis retournée lire le Poète.
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Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l’océan disperse la glace.
Je ne suis qu’un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j’aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j’aime, moi, jusqu’aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c’est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c’est là aussi que je veux naître
près de l’araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.
Qu’aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique : je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l’avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
- Pablo Neruda - Poète et diplomate chilien ( 1904-1973 ) - Prix Nobel de littérature -
Ce poème est extrait du recueil Chant Général. ( traduit de l'espagnol par Claude Couffon )
Je l'ai lu pour la première fois dans un album jeunesse des éditions Mango intitulé Poètes en exil. Cette anthologie illustrée présente une vingtaine de poèmes, principalement de poètes du XXème siècle " des quatre coins de la terre " ( dont Marina Tsvetaeva, Léopold Senghor, Joseph Brodsky, Mahmoud Darwich )
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Commentaires
1 Tania Le 05/02/2018
2 Aifelle Le 05/02/2018
3 Anne Le 05/02/2018
4 Bridu Le 05/02/2018
Ne pourrait-on y adjoindre la version originale pour le plaisir de la langue?
5 Marilyne Le 05/02/2018
@ Aifelle : Comme toi, cette poésie m'interpelle, m'atteint.
@ Anne : l'occasion était belle, parfaite, de revenir aux vers de Pablo Neruda. Cet extrait est vibrant.
@ Bridu : votre réflexion est très juste quant à l'actualité douloureuse des vers de P.Neruda. C'est aussi pour cela que j'ai préféré ce poème à l'une de ses magnifiques poésies amoureuses.
Je me pose toujours cette question, de publier en langue originale. Ce serait mieux, c'est certain. Mon souci, ici, c'est que mon édition n'est pas bilingue. Et je ne maîtrise pas suffisamment l'espagnol pour risquer de publier une version copiée sur le net. ( votre remarque m'a permis de constater que j'avais oublié d'écrire le nom du traducteur, c'est corrigé, merci ).
6 Lili Le 05/02/2018
7 Marilyne Le 05/02/2018
8 kathel Le 06/02/2018
9 Marilyne Le 07/02/2018