20 ans d'images de Nathalie Novi

Lors du Salon de Montreuil 2012, Alain Serres, fondateur des éditions Rue du Monde, nous conviait à saluer le parcours d’illustrations  » jeunesse  » de Nathalie Novi.

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Lors de ce coup de chapeau, comme a intitulé cette rencontre non sans humour l’éditeur, l’artiste nous a parlé de son travail et de sa vision de l’illustration.

Déjà charmée par la profondeur et la lumière de ses illustrations, je le fus par ses premiers mots, son premier mot :   » paradoxe « . Un univers créatif de paradoxes.

Nathalie Novi a vécu sa petite enfance à Constantine en Algérie, elle dit en avoir ramené son goût pour la couleur, et pourtant elle étudia la gravure aux Beaux Arts,  » le noir et le blanc magnifiés « . Lors de cet entretien, l’illustratrice, peintre, rappelle que tout commence avec le dessin. Avec le trait, même si celui-ci est ensuite estompé sous le pinceau, sous l’effet de volume, de matière, sous la force des couleurs qu’elle donne à ses images qui en brise le carcan. Le trait, c’est la recherche, celle du dessin, mais aussi celui des lignes à suivre, à accompagner. Nathalie a illustré des textes classiques. Elle expliquait adorer ce défi, le long travail de recherche, cette rigueur du dessin pour donner une âme aux personnages, aux lieux. Le texte évoque une image. A elle, par cette image, d’évoquer le texte, donner du sens, des sentiments. Nathalie Novi utilise notamment des pastels à l’huile. C’est le jeu du paradoxe : après cette précision du trait, elle aime ce flou, cette émotion latente qu’offre le pastel. Pour autant, ses pastels ne sont pas ceux de la douceur complice. Nathalie Novi ne confond pas infantile et enfantin. Elle parvient à rendre le froid comme le chaud, la violence et le vide comme la joie, fine déclinaison de sa palette sur laquelle cette association du trait et des tons fera toute la différence. Avec Nathalie Novi, ce que j’apprécie particulièrement, c’est qu’il est impossible de  » cataloguer les couleurs « , elles restent du domaine des sentiments.

Son travail sur le Pinocchio de Carlo Collodi en est la  » parfaite illustration « . Dans cet album de collection, des portraits au crayon alternent avec les peintures. Et ces dessins, par le mouvement et l’épaisseur du trait, en disent autant que le remarquable traitement des couleurs et des perspectives des peintures. Du dépouillé au foisonnant, les images donnent réellement vie au pantin de bois, aux scènes; partagent un ressenti très fort.

Pinocchio novi

Cette expression  » l’émotion de la couleur « , et cette phrase qui m’a frappée :  » l’illustration, comme la poésie, doit transcender le réel « .  C’est en cela que Nathalie Novi a choisi le mot  » paradoxe  » : elle dit penser couleurs, voir les lumières et les ombres en couleur, les sentiments en couleur. Elle explique que, selon elle, il faut souvent être grandiloquent dans la composition d’une image pour partager ce ressenti pourtant intime qui m’a semblé d’une si belle évidence dans le Pinocchio, puis dans l’album  » Noël des ramasseurs de neige« , un poème de J.Prévert.

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Chercher à toucher le lecteur à la façon dont les mots le touchent. Et dire le présent, comme dans la poésie engagée de Prévert, n’empêche pas de préserver le goût des couleurs qui est celui de la vie… Partager la diversité de ces paysages de la vie, champs de fleurs ou terre désolée, mais en apportant de la lumière et les couleurs de l’enfance. Pas de gris avec Nathalie Novi.

 » Le monde chante et danse, parfois doucement, parfois violemment. «

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