
- Sortie le 06 mars 2019 -
- Film de Cagla Zencirci & Guillaume Giovanneti -
Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes de la mer noire en Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle.
Ce film sera le seul que je retiendrai, je suis heureuse de ne pas l'avoir manqué. C'est un film fort, émouvant, qui mêle violence et beauté, éclatant de vie sous sa sobriété.
A travers la jeune Sibel, sa famille, c'est l'histoire des femmes qui se raconte, sans forcer le trait. Sibel est à part dans ce village, parce que différente, elle est muette mais pas sourde, ce qui lui permet de communiquer. Elle s'exprime avec des sifflements. J'ai été impressionnée par la prestation de l'actrice, dans ce rôle à la fois " muet " et très physique : Sibel participe à toutes les activités du village, notamment le travail dans les champs. Elle ne s'arrête jamais, remplissant toutes les fonctions traditionnellement féminines, à l'extérieur comme à l'intérieur. Elle a un statut à part comme elle est considérée comme handicapée, comme asexuée. Elle ne porte pas de foulard, elle possède une carabine avec laquelle elle crapahute dans la forêt montagneuse, elle fume une cigarette, une cigarette qu'elle partage avec son père... Pourtant, dès qu'elle affirme sa féminité, elle est rejetée par les femmes; pourtant dès qu'elle affirme une indépendance, elle est battue par les femmes. C'est par cette rude différence qu'elle s'émancipe.
Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est qu'il est au plus proche des personnages, presque la caméra à l'épaule parfois, au plus proche des visages, des expressions, des attitudes, tout en étant très fin, subtil. Pas de caricature. Le père de Sibel est le maire, un chef de village, veuf. Il a donc des responsabilités et un rôle de modèle. C'est un homme complexe qui, d'un côté respecte les traditions et souhaite qu'il en soit ainsi, d'un autre partage une belle relation avec sa fille aînée qu'il protège. Les changements qui interviennent suite à la rencontre entre Sibel et le fugitif, parce que celui-ci la considérera comme une personne et comme une femme désirable, perturbe ce père pas seulement du point de vue des traditions. L'histoire se déroule en miroir avec le possible prochain mariage de la jeune soeur et les préparatifs du mariage d'une jeune fille du village.
Sibel est un film de point de vue, le regard des autres, le regard sur soi, et les paysages escarpés de cette région montagneuse; un film de symboles aussi, pas seulement la femme muette, mais aussi à la façon d'un conte avec ses loups, ses princes par qui pourraient venir la libération et sa forêt; un film de non-dits, sensible. La jeune actrice Damla Sönmez est magnifique.
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- Sortie le 06 mars 2019 -
- Film de Rémi Bezançon -
Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne, une jeune éditrice découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n'aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu'il s'agit d'une imposture, un célèbre critique littéraire décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de la fille de l'énigmatique Henri Pick.
Je n'ai pas lu le roman, je ne l'ai jamais envisagé. Un film avec Luchini sur le thème de la littérature, il n'y avait aucune raison de bouder son plaisir. Et ce film entre dans cette catégorie, ni plus ni moins. On y passe un bon moment, on sourit, le scénario est gentiment mené, bien joué avec un Luchini fidèle à lui-même tel qu'on l'attend. La mise en scène du monde éditorial à la fois people et télévisé est savoureux, autant que les dialogues entre les protagonistes. Parfaitement dispensable.
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- Sortie le 20 mars 2019 -
- Film de Benoît Jacquot -
Au XVIIIe siècle, Casanova, connu pour son goût du plaisir et du jeu, arrive à Londres après avoir dû s’exiler. Dans cette ville dont il ignore tout, il rencontre à plusieurs reprises une jeune courtisane, la Charpillon, qui l’attire au point d’en oublier les autres femmes. Casanova est prêt à tout pour arriver à ses fins mais La Charpillon se dérobe toujours sous les prétextes les plus divers. Elle lui lance un défi, elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire.
Catégorie déception. Je n'ai pas trouvé où il était question d'amour dans ce film... et surtout j'ai trouvé ce film long, lent, sans passion, sans émotion, sans éloquence. Ce jeu de l'amour qui est plus celui de la séduction et du désir frustré m'a paru froid, à la limite du glauque et de l'exhibitionnisme pour les quelques scènes de sexe; on est loin d'un libertinage en dentelles et plaisirs. Certes l'amertume de Casanova est bien rendu par Vincent Lindon, crédible, qui m'a paru porter le film ( même si le menuet, il vaut mieux qu'il oublie ) avec l'excellent so british Lord Pembroke ( interprété par Christian Erickson ). Le scénario devient rapidement répétitif sur des dialogues plats et les différentes perspectives des fesses de la demoiselle. Rien d'enlevé, ni d'audacieux. Il m'a manqué une élégance, une sensualité, une délicatesse qui auraient pu suggérer le sentiment. J'ai eu l'impression de ne rien comprendre, ce qui est fort désagréable, vous en conviendrez. Ceci dit, ce fut la même expérience avec Le journal d'une femme de chambre ( 2015, avec Léa Seydoux , je crois que B.Jacquot et moi, c'est raté ). Le propos pathético-moralisant de la fin sur l'amour et sa douleur n'a rien arrangé.
Bref, Casanova est frustré et bien, moi aussi.
Je me retrouve totalement dans le billet de Pascale.
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Commentaires
1 Kathel Le 03/04/2019
2 Marilyne Le 03/04/2019
3 Aifelle Le 03/04/2019
4 niki Le 03/04/2019
et comme tu sais, j'ai aussi vu HENRI PICK pour Luchini
5 Saxaoul Le 03/04/2019
J'ai envie de voir Casanova quand même. Lindon est un acteur que j'aime beaucoup.
6 Lili Le 03/04/2019
7 Mina Le 03/04/2019
(Je n'ai pas vu passer Le journal d'une femme de chambre, il m'aurait aussi tentée, tu infirmes donc...)
Le mystère Henri Pick ne m'a jamais tentée, ni en livre, ni en film... Sibel est une découverte totale pour moi, et tu es convaincante. J'espère qu'il viendra à l'affiche en Belgique et que tu auras la main plus heureuse en avril dans tes choix ciné.
8 Anna Le 03/04/2019
9 Marilyne Le 03/04/2019
@ Niki : Sibel viendra sûrement en Belgique, et franchement, il ne faut pas le manquer ce film.
@ Saxaoul : Vincent Lindon tire son épingle du jeu dans ce Dernier Amour, il ne m'a pas déçue. Je regrette que le scénario n'ait pas été à la hauteur.
10 maggie Le 03/04/2019
11 Marilyne Le 03/04/2019
@ Mina : tu peux oublier cette adaptation du Journal d'une femme de chambre... Je ne sais pas trop pour mes prochains choix cinéma. J'étais curieuse de Sunset mais peu de séances.
@ Anna : j'espère que tu en auras l'occasion, c'est vraiment un beau film dont les images me restent.
12 Autist Reading Le 04/04/2019
13 dasola Le 04/04/2019
14 Marilyne Le 05/04/2019
@ Dasola : bonjour Dasola, j'avais du mal à y croire également, Vincent Lindon en Casanova et finalement ce n'est pas ce qui m'a déçue dans ce film.
15 MTG Le 06/04/2019
16 Marilyne Le 06/04/2019