En septembre, deux films vus, intéressants et dérangeants, sans que je les inscrive à un panthéon personnel.
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- Film américain de Taylor Sheridan - Sortie 30/08/2017 -
Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature.
L'intérêt de ce film est de nous confronter à la rudesse du Wyoming ( accents compris, difficile de suivre en VO, certains n'articulent absolument pas ) ainsi qu'à la déchéance indienne.
Tout y est violence ( ce film est interdit aux moins de 12 ans ), l'hiver, les rapports humains, la crise sociale, la mort. La tension est permanente, même dans les immensités neigeuses. Wind River est à la fois un polar noir et un western moderne dans lequel les motoneiges remplacent les chevaux. Si l'amourette entre les deux personnages principaux nous est épargnée, aucun coup ne nous le sera. Je reconnais que Wind River est très bien filmé, que les acteurs jouent parfaitement leur rôle, mais, contrairement aux critiques mises en avant sur l'affiche, ce film n'est ni surprenant ni puissant. Il est prenant. On ne souffle pas durant toute la projection sans que les scènes soient particulièrement rapides, mis à part un final en hécatombe. Cependant, il m'a semblé que le scénario n'empruntait aucune voie d'originalité pour l'intrigue ( violence faites aux femmes amérindiennes, contexte de misère économique-sociale-affective ) ni pour les personnalités. Notre personnage principal est un taiseux, un chasseur tendre cruellement blessé; notre féminine agent du FBI, bien jeune et volontaire. Je me suis plus attachée et intéressée aux personnages secondaires qui m'ont paru plus présents. Je retiens de ce film les émotions qui affleurent, les mots et les silences partagés sur ce qu'est porter un deuil.
L'avantage de ce film, c'est qu'il m'a fortement rappelé l'atmosphère du roman Little Bird de Craig Johnson et qu'il a sérieusement suscité l'envie de revenir aux polars, noirs et neigeux, notamment ceux de Craig Johnson.
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- Film Franco-cambodgien de Jeanne Labrune - Sortie le 06/09/2017 -
Camille a rejoint une mission catholique au Cambodge avec l’intention d’y prononcer ses voeux. Chaque matin, elle emprunte un chemin qui longe la rivière et traverse les ruines d’Angkor. Elle y croise un homme cambodgien, Sambath. Un rituel de rencontre s’établit entre eux…
Un film beau et triste, au parti pris visuel déstabilisant et fascinant, dont je n'ai rien entendu ni lu, si ce n'est la présentation dans un mag ciné qui m'a rendue curieuse.
Ce synopsis dit tout, pour le fil narratif, et il ne dit rien. Il ne s'agit certainement pas d'une histoire improbable d'amour romantico-exotique entre les ruines de temples cambodgiens. C'est bien d'un chemin qu'il s'agit et sur ce chemin, ce sont ceux de vie qui se croisent, les vies de trois personnages entre passé à assumer et avenir à (re)construire.
Ce film est dense, il peut paraître lent par le choix particulier de tournage : ce film se déroule en séquences, avec souvent des prises de vues comme des arrêts sur images. Peu de mots, des temps qui ne sont pas des pauses. Evidemment, les paysages sont splendides, le long du chemin aux arbres imposants, le long de l'eau au bord du chemin. Mais ce chemin, c'est aussi celui des morts, de la guerre civile et de la terreur instituées par les Khmers Rouges. Il y a des fantômes sur ce chemin, qui est un chemin de mémoire et un chemin de réflexion.
Il est écrit " Un voyage initiatique au coeur du Cambobge " sur l'affiche. C'est tout-à-fait exact : ce sont des retours de voyage, pour Camille, novice, qui met à l'épreuve, non pas sa foi, mais son univers bien ordonné. Il y a d'autres façons de croire, d'autres façons de revenir à soi, d'aller vers les autres; retour également pour Sambath, exilé en France enfant revenu s'installer dans son pays natal où il fait le guide; pour son épouse Sorya qui lutte contre la maladie.
Sans le moindre doute Le chemin est un film métaphorique qui, cependant, ne sacrifie pas le réalisme puisqu'il approche le quotidien cambodgien, celui des villes loin des temples. J'ai été touchée par les échanges entre la religieuse responsable de la mission et Camille; j'ai apprécié que les dialogues entre les personnages soient autant en français qu'en khmer. Ce film, référencé comme un drame, nous parle de tragédies, de racines et d'âmes. Un film déstabilisant, pourtant pudique, bouleversant.
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Commentaires
1 niki Le 02/10/2017
2 Marilyne Le 02/10/2017
3 Valérie Le 02/10/2017
4 Marilyne Le 03/10/2017
5 Aifelle Le 03/10/2017
6 Marilyne Le 03/10/2017
7 maggie Le 07/10/2017
8 Marilyne Le 07/10/2017