
Au Jeu de Paume, à Paris, s'est ouverte le 16 octobre ( jusqu'au 27 janvier 2019 ), une exposition - intitulée Politique du visible - consacrée aux photographies de Dorothea Lange.
La photographe américaine Dorothea Lange ( 1895-1965 ) est célèbre pour sa série de photographies témoignant de la Grande Dépression et de ses conséquences socio-économiques aux Etats-Unis. La photographie choisie pour l'affiche de l'exposition - Migrant Mother 1936 - en est l'icône.
Le parcours de l'exposition est chronologique. En plus des photographies encadrées, d'autres clichés sont présentés en vidéo et en planches contact.
Cette exposition porte bien son titre. Dorothea Lange a débuté comme photographe portraitiste à San Francisco. Ce talent du portrait est évident sur toutes ses séries; talent qui sera associé à son sens de la scène, du contexte plutôt. Ses photographie donnent sens. Son travail devient engagé lorsque sa pratique photographique se tourne vers la rue, en 1932, mettant en évidence la récession américaine et l'agitation sociale, déconstruisant le mythe du rêve américain.
La photographe est contactée par Paul Taylor, professeur d'économie à l'université de Californie à Berkeley ( il sera son second mari par la suite ). Il souhaite utiliser ses photographies pour illustrer ses articles. Travaillant ensemble une trentaine d'années, leur collaboration deviendra un travail d'archives sociales américaines, d'autant que Dorothea Lange prenait de nombreuses notes sur un carnet, de ce qu'elle voyait, de ce qu'on lui racontait, légendant ainsi ses photographies. Au fil des années, les séries photographiques donneront un visage aux exclus.
Dorothea Lange a réalisé des reportages photographiques pour des institutions fédérales américaines. Durant la Grande Dépression, ses photographies sont commandées par la Farm Security Administration ( 1935-1941 ). La photographe se rend dans les camps d'accueil des travailleurs agricoles migrants, fuyant la misère de leur région d'origine, cherchant du travail plus loin, notamment vers la Californie. Dorothea Lange fixera en images également les visages du chomage urbain, suivant les grèves, les manifestations.
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- White Angel Breadline - 1933 -
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- Cars on the road - 1936 -
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- Migrant Mother - 1936 -
( La photographie iconique provient d'une série de cinq photographies, prises sous le même angle, de plus en plus rapproché )
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- Toward Los Angeles - 1937 -
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- Ancienne esclave à la mémoire longue - 1938 - Alabama -
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- Migratory Cotton Picker - 1940 -
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Dorothea Lange est mandatée en 1942 par la War Relocation Authority pour suivre le déroulement du " déplacement " des Nippo-Américains. Suite à l'attaque de Pearl Harbour en décembre 1941, le gouvernement ordonne l'internement de plus de 100 000 Américains ayant des origines japonaises résidant dans les zones militaires de la côte pacifique. Trois générations sont concernées. Ces familles doivent tout quitter pour être " transférés " et répartis dans dix camps dans des zones isolées au climat peu accueillant ( en Californie, Arizona, Idaho, Colorado... ). Une vidéo raconte cette mission, nous livre des témoignages, notamment d'assistants de Dorothea Lange, en plus des photographies. L'humanité dont font preuve les clichés rendant compte de cette évacuation, des conditions d'installation, gêne les autorités. Les photographies furent classées " archives militaires ", elles ne seront publiés qu'en 2006.
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- Japanese-American family with tag ( étiquette d'identification en lettres et chiffres ) -
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- Manzanar Relocation Center - California -
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- Ecole organisé par des résidents, professeurs diplomés.
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" Une photographie documentaire n'est pas en soi une photographie factuelle. C'est une photographie qui communique entièrement le sens et la portée de l'épisode ou de la circonstance ou de la situation, qui ne peuvent être révélés uniquement, parce qu'il n'est pas vraiment possible de les montrer, que par cette autre qualité. En fait, on ne peut pas vraiment parler de guerre entre l'artiste et le photographe documentaire. Un photographe doit être les deux. " - Dorothea Lange - 1934 -

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Commentaires
1 Tania Le 26/11/2018
2 Kathel Le 26/11/2018
3 niki van espen Le 26/11/2018
4 maggie Le 26/11/2018
5 Aifelle Le 27/11/2018
6 Marilyne Le 27/11/2018
@ Kathel : évidemment :-)
@ Niki : oh, dommage ! Oui, très intéressant, de belles photographies et toute la portée sociale. Les portraits sont magnifiques.
7 Marilyne Le 27/11/2018
@ Aifelle : je te le souhaite. Celle-ci dure jusqu'à la fin du mois de janvier, ce qui laisse un délai ( souvent, les expos se terminent plutôt début janvier ! )
8 Cristie Le 28/11/2018
9 Marilyne Le 28/11/2018
10 Autist Reading Le 28/11/2018
- Dorothea Lange
Une référence. Elle a un regard si aigu sur la condition humaine...
Évidemment, l'envie d'aller voir l’expo est bien là mais j'appréhende beaucoup la foule qui va s'y presser. Petite question : est-ce que voir les clichés "en vrai" apporte beaucoup plus que de les consulter sur le catalogue de l'expo ? Car je pensais me consoler avec le catalogue...
11 Marilyne Le 28/11/2018
Alors, c'est certain, il y avait foule. Pour ma part, c'est une émotion de voir en vrai, ça devient " vrai ", ça me permet de mieux appréhender la réalité montrée. Mais je crois, qu'en effet, tu peux tranquillement te consoler avec le catalogue ( à vérifier si il y a la série sur le " déplacement " des Américains d'origine japonaises, d'autres clichés étaient présentés par vidéos avec des explications de la mission et des situations )
12 Dominique Le 29/11/2018
13 Marilyne Le 29/11/2018
14 Lili Le 29/11/2018
15 Marilyne Le 30/11/2018