
L'exposition consacrée à Alphonse Mucha ( 1860 - 1939 ) au musée du Luxembourg à Paris se termine le 27 janvier 2019. C'est une très belle exposition, par le choix d'oeuvres présentées qui retrace véritablement le parcours de l'artiste, ne le limitant pas au créateur de célèbres affiches ( qui ne fut qu'une période, essentielle et prolixe certes, de son activité artistique ).
J'ai particulièrement apprécié ce choix qui met en évidence " la révolution " Mucha : il est l'un des premiers artistes à proposer un art qui soit décoratif, à proposer un art qui devient populaire, brisant les codes, les écoles, les frontières et les barrières. Ses productions sont autant dans la rue et le quotidien ( les biscuits Lefèvre-Utile ) que dans les milieux privilégiés ( il dessina des bijoux ). Et cette exposition nous prouve qu'il était un grand dessinateur et un excellent graphiste, utilisant le nouveau médium qu'est la photographie.

- Photographie - Paris 1890 -
- Autoportrait avec la chemise russe " roubachka " -
L'artiste tchèque est indissociable du Paris 1900 et de l'Art Nouveau. Cet art dont le privilège, malgré sa courte existence, fut d'être un " art complet ", se retrouve dans l'architecture urbaine, le mobilier, les bijoux, les lampes, les vases ... et la publicité. L'Art Nouveau pourrait s'appeler l'Art Moderne tant il s'inscrit dans l'évolution de la société du début de XXème siècle. Son élan sera irrémédiablement détruit par la Première Guerre Mondiale.
Ainsi, l'exposition choisit le parcours thématique plutôt que chronologique, rappelant le Mucha cosmopolite, ses influences multiples ( ses motifs ornementaux proviennent des cultures celtique, byzantine, islamique, japonaise comme du folklore slave, notamment pour les costumes. On reconnait également l'art de l'icône dans les motifs qui encadrent les personnages ), et le Mucha patriotique à travers son grand projet de l'Epopée slave, son " plus grand accomplissement ". Il s'agit d'une série de vingt immenses peintures relatant les évènements historiques majeurs des peuples slaves, célébrant leur unité. L'artiste y consacra vingt ans puis offrit cette fresque à la ville de Prague en 1928.
L'exposition rappelle que l'activité d'illustrateur de Mucha (devenu l'un des artistes graphiques le plus recherché de Paris ) était une activité de commande, qui, si elle lui apportait une aisance économique, ne lui permettait plus de se consacrer à la peinture. Les affiches et motifs de Mucha, leur style, se croisent partout à cette époque, la Belle Epoque : pour le théâtre, avec Sarah Bernhardt ( il signait également des décors, des costumes ), pour des événements culturels ( affiches, fresques, décorations pour certains pavillons de l'Exposition Universelle de 1900 : Bosnie-Herzégovine, Autriche ), sur des menus de restaurant, dans des journaux et revues, des catalogues, des cartes postales, pour la publicité.
Après Paris, ce sera les Etats-Unis où il recherche un mécène pour son Epopée Slave et enseigne aux Académies des Beaux-Arts de New-York, Philadelphie, Chicago. Il revient à Prague en 1910, se consacrant à l'Epopée. En 1918, lorsque son pays devient indépendant, il conçoit, bénévolement, les timbres et les billets de banque de sa nouvelle nation. Franc-maçon, artiste " réactionnaire ", il est arrêté par la Gestapo en 1939. Il est libéré pour raisons de santé. Une infection pulmonaire l'emporte quelques semaines plus tard. Un musée Mucha est inauguré à Prague en 1998. Au décès de son fils, Jiri, en 1992, sa famille fonde la Fondation Mucha dont la vocation est de préserver et de diffuser l'oeuvre.
Florilège :

- Première affiche pour Sarah Bernhardt en 1894 -
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- Publicité - 1896 - ( Mucha signera également l'illustration des boites de biscuits )
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- Affiche pour le pavillon autrichien - Exposition Universelle de Paris 1900 -
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En 1899, Mucha réalise un ouvrage intitulé Le Pater, une oeuvre personnelle illustrant en allégories la prière chrétienne Notre-Père.

" Et ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal "
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En 1902, Mucha publie Documents décoratifs. Il s'agit un recueil de 72 planches, des dessins au crayon et à la plume rehaussés de gouache, présentant minutieusement des figures ornementales, stylisées, - motifs végétaux, figures féminines - ainsi des objets ( vaiselles, bijoux ).

- Documents décoratifs - Assiette 33 -
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Sur les affiches, les figures féminines portent de magnifiques bijoux imaginés par Mucha. Le jaillier Georges Fouquet lui commande des projets de bijoux pour l'Exposition Universelle de 1900. Par la suite, il lui demandera de concevoir sa boutique parisienne.

- Documents Décoratifs - Planche 49 -
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- Chaine ornementale avec pendentif dessinée par Mucha puis réalisée par G.Fouquet.
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- L'Epopée slave - Abolition du servage - 1914 ( toile de 610 x 810 cm ) -
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En 1931, Mucha réalise des vitraux pour la Cathédrale St Guy à Prague.

- Détail du vitrail -
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Et, évidemment, Mucha, ce sont les femmes fleurs, les séries de lithographies et de panneaux décoratifs, Les Saisons ( L'été sur l'affiche de cette exposition ), les Arts, La Lune et les Etoiles, Les Heures du Jour, Les Pierres Précieuses...

- La Poésie - 1898 -
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- Série La Lune et les Etoiles - 1902 -
- L'étoile du matin - Clair de lune - L'étoile polaire - L'étoile du soir -
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Commentaires
1 Aifelle Le 19/12/2018
2 Mina Le 19/12/2018
3 Dominique Le 19/12/2018
je crois malgré tout que mon préféré reste le tableau classique de l'abolition de l'esclavage avec les bulbes des églises et ce fondu très doux
4 Lili Le 19/12/2018
5 Marilyne Le 19/12/2018
@ Mina : merci. C'est vraiment ce qui m'a accrochée, ce parcours thématique, même si j'étais ravie de voir " ce que nous attendions ", ce sont les découvertes qui me restent, comme l'Epopée Slave et le Pater . ( alors, finalement, Prague... ^-^ )
@ Dominique : oui, je te comprends, j'ai aussi beaucoup aimé les peintures de l'Epopée Slave. Quelques unes étaient présentées, les autres défilaient en diaporama sur un grand écran. Et les vitraux, j'ai adoré.
@ Lili : avec plaisir ! Subjuguée, c'est le mot. Je ne connaissais pas du tout l'existence de ce Pater, cet art de l'allégorie m'a impressionnée.
6 Tania Le 20/12/2018
7 Annie Le 20/12/2018
Merci. Mucha est un artiste qui me plait beaucoup, qui me fait toujours rêver.
8 Marilyne Le 20/12/2018
@ Annie : j'en suis ravie ! J'attendais impatiemment de visiter cette exposition, j'ai été comblée.
9 ellettres Le 22/12/2018
10 Marilyne Le 23/12/2018
11 maggie Le 25/12/2018
12 Marilyne Le 28/12/2018