Victor Hugo au Panthéon

Hugo pantheon

.

L'été dernier a enfin eu lieu l'exposition consacrée aux obsèques de Victor Hugo le 1er juin 1885 au Panthéon, consacrant cette église Sainte-Geneviève en " temple républicain ", selon les voeux de la Révolution cent ans auparavant. 

Sur les lieux même où repose " l'écrivain national ", le parcours montrait l'impressionnante mobilisation nationale et populaire, l'ampleur de l'hommage, pour un homme qui incarnait les valeurs de la République. Ainsi, l'exposition revenait sur les engagements et combats politiques de Hugo ( abolition de la peine de mort, suffrage universel, justice sociale, éducation et laïcité - loi Ferry de 1881-1882 pour l'instruction gratuite, laïque et obligatoire - comme conditions indispensables de la démocratie ), Hugo député, Hugo exilé. 

" Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde [...]; mais je suis de ceux qui pensent et affirment qu'on peut détruire la misère; je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. " - Discours à l'Assemblée nationale - 9 juillet 1849 -

L'annonce du décès de Victor Hugo, le 22 mai 1885 fut un choc et un deuil national; deuil suivi par toute la presse profitant de sa pleine liberté votée en 1881. Ces funérailles étaient un véritable enjeu pour la jeune IIIème République, lui permettant de s'affirmer.

En partenariat avec la Maison de Victor Hugo, l'exposition présente - au son de la marche funèbre de Chopin jouée par la Garde Républicaine lors des obsèques - des photographies, des une de presse et des articles, dessins, affiches, peintures, des objets commératifs de cette incroyable journée, ponctuant le parcours d'extraits et de citations de l'auteur.

" La tête de l'homme du peuple, voilà la question. [...] Cette tête de l'homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la; vous n'aurez pas besoin de la couper. " - extrait de Claude Gueux ( 1834 ) -

Les funérailles eurent lieu un lundi, pour des raisons politiques, dans la crainte de manifestations ouvrières, de " débordements populaires ", un jour travaillé limitant la présence de la population. Il n'en fut rien. Les magasins baissèrent le rideau, les abords du parcours furent envahis, pris d'assaut, les balcons ou la moindre fenêtre  permettant d'assister au passage du cortège se louaient. On grimpa sur les arbres, sur les toits, même. Près de deux millions de personnes furent présentes. Il n'y eut pas moins de douze éloges prononcés par des représentants officiels. Ce fut un sacre républicain.

Ce cortège était long, composé de vingt groupes représentant plus de 1200 délégations ( les drapeaux rouges de l'extrême-gauche comme les noirs de l'anarchie avaient été interdits ). Il fallut des heures à ce défilé pour parcourir les cinq kilomètres jusqu'au monument de Soufflot ( trois heures après le départ de l'Arc de Triomphe où était exposé le catafalque munumental pour les premiers ). Dans cette procession, la modestie du corbillard de Victor Hugo détonnait parmi les chars couvert de couronnes et de fleurs.

.

1er juin 1885 enterrement victor hugo

.

" Et peut-être, en la terre où brille l'espérance

Pur flambeau

Pour prix de mon exil, tu m'accorderas, France

Un tombeau. "

- Avant le retour en France - 31 août 1870 -

.

Sur le sujet, je ne peux que vous recommander l'excellent roman de Judith Perrignon Victor Hugo vient de mourir, paru en 2015 aux éditions L'Iconoclaste, publié depuis 2017 en format poche par Pocket.

Hugo perrignon

.

Dans ce récit, Judith Perrignon, sur une narration intime, raconte la mobilisation dès l'agonie de Victor Hugo, rend l'effervescence, la ferveur, les enjeux de ses obsèques, peignant un portrait du siècle et de cette jeune IIIème République.

" ... à tous les étages de la République, on se réveille en se demandant si Hugo respire encore et si le pays ne va pas convulser. " 

.

Actuellement au Panthéon, l'exposition Combat capital sur l'abolition de la peine de mort, il y a quarante ans le 9 octobre 1981.

" Je vote l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort. "

Victor Hugo à l'Assemblée nationale le 15 septembre 1848.

.

- Le 30 novembre, un tombeau en mémoire de Joséphine Baker entre au Panthéon. Le week-end du 04/05 décembre, le Panthéon ouvre grand ses portes, gratuitement, au public.

*

Commentaires

  • Anne

    1 Anne Le 22/11/2021

    En lisant ton billet, je pensais au roman de Judith Perrignon ! J'aime bien présenter ce grand homme à mes élèves...
    marilire

    marilire Le 23/11/2021

    Il est excellent ce roman. Et cette expo très intéressante sur Hugo " politique ". Les expos du Panthéon sont réussies. J'espère pouvoir aller à celle sur l'abolition de la peine de mort.
  • Kathel

    2 Kathel Le 23/11/2021

    Ce cortège à la mort de Victor Hugo était impressionnant, et a marqué même les gens qui n'y ont pas assisté et les générations suivantes... (il était de coutume de dire dans ma famille que mon grand-père paternel aurait pu assister à cet événement, mais en réalité il n'avait que deux ans en 1885 !) ;-)
    marilire

    marilire Le 23/11/2021

    ( excellente, la petite histoire familiale :)). C'est en cela que cette expo est bien conçue, pas trop longue et pourtant éloquente, une belle variété de support, une immersion dans l'évènement.
  • Alys

    3 Alys Le 04/12/2021

    Super intéressant, merci!! Je devrais tellement me bouger pour voir des expos...

Ajouter un commentaire