L'arbre-coeur - Comès

Arbre comes

- Casterman -

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Première lecture BD de Comès, une découverte mitigée. Titre choisi pour le titre, évidemment, pour le sujet : Le personnage principal, Ambre, est photoreporter de guerre. En Afghanistan, elle est blessée à la tête alors qu'elle suit des combattants durant une embuscade. Après son hospitalisation, sa carrière arrêtée par la perte d'un oeil, elle décide de rentrer chez elle, c'est à dire dans la maison de ses parents, maison isolée en zone rurale aux abords d'une forêt. Dans ce récit en chapitres, nous suivons ce retour qui est également un retour en enfance, une enfance douloureuse. Nous apprenons qu'Ambre est orpheline ayant perdu sa mère toute jeune. Ce deuil généra chez l'enfant des troubles de la personnalité. Elle s'inventa un monde imaginaire peuplé de personnages issus d'histoires, chacun une facette de ses émotions, peur, colère et agressivité... Elevée par son père, chasseur, un terrible accident la brise et l'entrainera vers une première hospitalisation qui traitera ses hallucinations : manipulant un fusil malgré l'interdiction, elle tua son père.

Cet album se lit comme un roman noir. Ambre revient et s'abandonne à " ses démons " pour fuir sa réalité de violence. Son univers de rêves face aux cauchemars des souvenirs. Elle croit y trouver une consolation, un sens, redevenir elle-même. Et elle défendra cet univers contre les " intrus ".

S'il est incontestable que le graphisme en noir & blanc sert avec une efficacité redoutable le sujet, il m'a rendu la lecture difficile. Les aplats sans profondeurs ni perspectives, m'ont paru brutaux. Avec des dessins à grands traits, les visages et les expressions esquissés, les planches donnent parfois l'impression de pochoirs, que sur certaines pages, c'est avec le blanc sur le fond noir que la vignette a été dessinée. La lecture est directe, la vignette focalisant, paradoxalement, sur le-les personnages. Peu de mouvements mis en scène malgré le rythme du récit. Les décors n'interviennent pas sauf lorsqu'il s'agit de la forêt, de l'arbre coeur au graphisme fouillé. C'est sombre, d'ombres. De nombreuses vignettes, des planches parfois, sont muettes, ce qui ajoute à l'atmosphère de plomb. Cette économie de moyen fait sans aucun doute la force de l'album. C'est pourquoi j'ai regretté que, souvent, les dialogues soient trop appuyés, trop explicatifs lorsque apparaissent les personnages-personnalités de Ambre.

J'ai vu dans la bibliographie de Didier Comès la variété des thèmes qu'il aborde dans ses albums. Une relecture s'impose.

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 " C'est trop tard ! Ton coeur de petite fille ne peut rien contre la réalité ".

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- Comès au Bar à BD avec Mo' -

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Commentaires

  • Mo'

    1 Mo' Le 19/09/2014

    Je reste tentée de le lire, malgré ton avis. J'aime ces ambiances glaçantes que Comès développe.
    Une demi-satisfaction pour moi aussi, une difficulté à investir les personnages que j'ai découvert, c'est la première fois que ça m'arrive avec cet auteur. On retentera ;)
  • Marilyne

    2 Marilyne Le 19/09/2014

    Oui, une difficulté. Mais qui ne compromet absolument pas ma curiosité pour l'univers graphique de Comès. C'est une question de choix de titres en fait. Finalement, ce qui m'a laissée distante, c'est cet aspect explicatif, j'ai réellement apprécié également cette ambiance. Puisque c'était une première aussi pour toi, c'est sûr que l'on se doit de retenter ! ( le truc, c'est qu'il ne faut pas que je lise tes chroniques, elles sont juste parfaites pour choisir mais pas du tout pour écrire après, c'est compliqué ^^ ;) )
  • Anne

    3 Anne Le 19/09/2014

    Comès, c'est l'auteur de "Silence" aussi, non ? J'étais bien jeune quand j'ai lu cette BD ! Ses personnages semblent toujours écorchés. Peut-être en effet que le blanc est dessiné sur le noir parfois, pour faire sortir la lumière du papier...
  • Asphodèle

    4 Asphodèle Le 19/09/2014

    les BD, j'ai du mal (à cause des bulles souvent illisibles pour mes yeux de taupe) mais avec ce que tu ajoutes, je passe allègrement ! ;)
  • jérôme

    5 jérôme Le 19/09/2014

    J'aime l'aspect brutal de son dessin (on le retrouve d'ailleurs chez des argentins et des espagnols que j'adore comme Mandrafina, Jordi Bernet où l'excellentissime Eduardo Risso).
  • Marilyne

    6 Marilyne Le 20/09/2014

    @ Anne : oui madame. J'ai perçu ça, son graphisme m'interesse mais vraiment déçue de n'avoir pas pu, avec ce titre, me laissait prendre à l'atmosphère.

    @ Asphodèle : pour une fois, ce ne sera pas de ma faute :)

    @ Jérôme : Oui, j'ai envie d'en " voir " plus. Finalement, une fois que je me suis " adaptée " au graphisme, ce qui m'a gênée, c'est le texte, qui expliquait trop pour se laisser prendre ( alors que le récit porte cette part d'onirisme fascinante ). Toi qui connais mes lectures, quel titre me conseillerais-tu pour y revenir ?
  • Mo'

    7 Mo' Le 20/09/2014

    De mon côté, je te conseillerais bien "Eva". Et puis "Silence" reste un incontournable...
  • jérôme

    8 jérôme Le 20/09/2014

    Eva est très bien oui. Et sinon, si tu veux le découvrir à l'époque où il n'avait pas encore abandonné la couleur, je te conseille "L'ombre du corbeau".
  • Marilyne

    9 Marilyne Le 21/09/2014

    @ Mo' : " Eva ", d'accord, je vais regarder. " Silence ", tu as raison, l'incontournable, je vais le lire aussi. J'avais noté " la belette " également ( mais lu quelque part qu'il valait mieux avoir lu " Silence " avant )

    @ Jérôme : Ah, j'ai hésité entre " L'ombre du corbeau " et " L'arbre coeur ", choisi aussi finalement parce que en noir & blanc. Curieuse de " Dix de der ". Bon, je souligne " Eva " :)
  • Choco

    10 Choco Le 21/09/2014

    Comme MO', je suis plutôt fan de l'univers glaçant de Comès. Je suis d'ailleurs étonnée de lire que c'est son premier, j'étais persuadée du contraire. Je ne peux que t'inciter à poursuivre, c'est vraiment le genre d'univers dont j'aurais dit qu'il te plairait. J'ai notamment un beau souvenir de Dix de der, plus moderne, plus récent que les autres titres que tu cites.
  • Marilyne

    11 Marilyne Le 22/09/2014

    Pour Mo', sa première difficulté avec un album de Comès, pas première lecture. Oui, l'univers m'intéresse, il va y avoir récidive. Avec " Dix de der ".

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