Au-delà des terres infinies – Genyû Sokyû

Geny

- Editions Picquier -

- Traduit du japonais par Corinne Quentin -

Indéfinissable lecture pourtant parfaitement inscrite dans son contexte de littérature japonaise.

Genyû Sokyû est moine zen. Dans cet ouvrage, il raconte le quotidien d’un temple de village dont s’occupe un jeune bonze et son épouse; quotidien rythmé par les gestes traditionnels, quotidien perturbé par le décès de madame Ume, considérée comme  » médium « , ayant prédit le jour de sa mort. Autour de la figure de celle ayant le don d’être  » en relation avec l’au-delà « , le récit s’attarde sur les questions de chacun sur ce passage, sur le divin selon la philosophie bouddhiste, sur le deuil, sur les manifestations de l’au-delà, sur cet au-delà de la vie. Sokudô, le jeune moine, n’a pas de réponses, il propose des éléments de réponses, n’hésitant pas à aborder des domaines scientifiques, l’esprit curieux, ouvert, se rappelant ses heures d’enseignements et ses propres expériences. Comme certainement l’auteur s’en est inspiré.

 » … il se mit à réfléchir au monde qui lui était invisible. Pour lui, le zen était une philosophie de la vie quotidienne extrêmement concrète. Pourtant, les gens semblaient souvent attendre, non seulement du zen mais de la religion en général, une gestion du surnaturel. « 

Pour autant, ce livre n’est pas un manuel du zen ou une initiation au bouddhisme. Il s’agit bien d’un court roman, relatant avec précision la vie contemporaine d’un et dans un temple au Japon, les prières, les cérémonies et les sollicitations auxquelles répondent les moines. Et sur ces pages, on lit les inflexions sobres et subtiles de cette littérature, la profondeur de la beauté des images et de ces moments qui peuvent paraître si insignifiants, comme la confection de ces tresses de papiers colorés de Keiko, l’épouse, confection sans raison apparente, pour ne pas les jeter, parce qu’ils sont jolis. Au fil de quelques jours, de pensées, de paroles, se dévoile la spiritualité, une spiritualité de pratique, pas de dogme, une spiritualité ancrée dans ce quotidien, dans l’écoute, dans la vie; une spiritualité pragmatique et pourtant, c’est une sensation de légèreté qui affleure à la lecture, quelque chose de diffus.   » Images du monde flottant « …

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 » - C’est pour ça que je vois des choses, sans doute. Mais je n’arrive pas à distinguer la réalité de l’imaginaire.

- Je pense qu’il y a beaucoup de réalité.

- Vraiment, tu crois ?

- Oui.

Pour un moine zen, cette affirmation était une sorte de renoncement à ses valeurs. Mais après tout, les valeurs ne sont rien d’autre qu’une sorte de couteau pour disséquer et tenter de voir ce monde qui ne se livre jamais complètement. « 

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- Une biographie de l’auteur par l’éditeur :

Né dans la préfecture de Fukushima en 1956, Genyû Sôkyû est sous-directeur du temple Fukujuji de la secte zen Rinzai-Myôshinji. En 2001, il a reçu le prix Akutagawa – le Goncourt japonais- pour Chûin no hana – Au-delà des terres infinies». Il a également publié de nombreux essais sur le bouddhisme et des entretiens avec des personnalités scientifiques, qui ont remporté un très grand succès. En 2007, ses échanges avec la célèbre biologiste Yanagisawa Keiko, « Le sûtra du Cœur, discussion sur la vie », ont obtenu le prix des Lecteurs de la revue Bungei Shunju.

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