A travers les champs bleus - Claire Keegan

Champs bleus

- Sabine Wespieser Editeur - 2012

- Traduit de l’anglais ( Irlande ) par Jacqueline Odin -

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Un recueil de huit nouvelles comme des diamants bruts, certainement l’excellence d’une écriture qui se prête si parfaitement au genre, au-delà du romanesque.

Chacune de ces nouvelles, c’est le talent de Claire Keegan, cette impressionnante maîtrise narrative qui prend, sa plume qui frôle les surfaces rudes des lieux et des personnages, se risque à s’y frotter, s’attarde sur les heures puis pénètre jusqu’à ce qui est enfoui, jusqu’aux racines, aux (dés)aveux, sous les plaies et les cicatrices.

Ces nouvelles, ce sont les histoires des hommes catholiques et de la terre, les paysages d’Irlande, à travers eux, celles des femmes et les histoires d’enfances.

On y retrouve la violence diffuse, la densité troublante du recueil L’Antarctique, on y retrouve l’acuité, l’émotion, l’épure bouleversante des Trois Lumières. L’intuition du quotidien, rien d’anodin.

Ces nouvelles sont des « chants » bleus, la beauté douloureuse des clairs-obscurs, ce qu’emporte le vent de la glèbe sèche, ce que brasse les vagues; c’est ce qui revient à la nuit et à la solitude, tous ces chemins désolés.

Des frissons de lecture. Une empreinte et des traces.

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- » Maintenant, le prêtre se tient dehors et considère les alentours de la chapelle. C’est une journée fraîche, que le vent rend lumineuse. Des confettis ont volé sur les pierres tombales, le pavage, le long du sentier du cimetière. Sur l’if, un lambeau de voile frémit. Le prêtre lève le bras et le retire de la branche. Il lui semble raide, plus étrange qu’une soutane. Il aimerait, à présent, changer de vêtements et aller sur la route de campagne, franchir l’échalier et descendre en direction de la rivière. Là, dans la zone marécageuse entre les champs, sa présence ferait se disperser les canards sauvages. Plus loin, au bord de la rivière, il se sentirait calme, mais, dès qu’il tourne la clé dans la porte de la chapelle, il affronte la rue où son devoir l’attend. « 

-  » … mais il est très rare que deux personnes veuillent la même chose à un moment précis de l’existence. Quelquefois c’est l’aspect de plus dur de la condition humaine.« 

- Extraits de la nouvelle A travers les champs bleus -

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