Aphrodite - Pierre Louÿs

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- Payot -

Alexandrie, premier siècle avant J.C. Démétrios est sculpteur, l'Aimé de la reine, celui qui a façonné la statue d'Aphrodite pour le temple, l'Adoré pour lequel les femmes veulent se damner. Chrysis est la sublime courtisane, la convoitée. Ils ne se rencontreront que deux fois. La première, elle le poussera aux crimes, trois crimes en gages pour promesse de s'offrir à lui, la seconde, à son tour, il l'a possèdera autrement…


Pierre Louÿs signe ici un grand roman de Volupté et de Passion, lyrique, aussi épique qu'érotique. Le sous-titre Mœurs Antiques en dévoile la dimension de célébration de la culture grecque, de la tragédie et de l'art qui magnifie le corps et la sensualité. le récit se déroule sur un temps resserré, celui des Aphrodisies, jours de fête consacrés à la déesse. Chacune des descriptions, des scènes – prêtresses, les portraits de Chrysis, les jardins du temple, les cérémonies, un banquet, l'animation des rues de la ville – exalte la magnificence, une exubérance et sa cruauté. Luxe, luxure et luxuriance. Rien de pornographique dans ce texte, c'est frissonnant; un hommage à la beauté, aux désirs; la beauté divinisée, le désir exacerbé, la quête de l'absolu fatal dans lequel ces aspirations se confondent.


Tout en suggestions et frémissements à fleur de peau, ce récit nous offre une débauche d'évocations de cette sensualité, une magistrale licence des mots, des amours et de la jouissance sans être obscène, un hédonisme, une liberté des sens, rythmée par les soupirs ainsi que par des chants et incantations d'inspiration mythologiques.


Ce roman est une œuvre de jeunesse de Pierre Louÿs; roman irréprochable et abouti publié en 1896. Dans la préface, l'auteur explique que ce texte répond à l'hypocrisie bourgeoise si vivace encore à la Belle Époque, qu'il fut écrit en réaction face à la rigueur, à la laideur, du monde contemporain qui s'annonçait à l'aube du XXème siècle – "Quelle nuit ! Un peuple vêtu de noir circule dans les rues infectes. A quoi pense-t-il ? On ne sait plus; mais nos vingt-cinq ans frissonnent d'être exilés chez des vieillards. « – , s'inscrivant ainsi parfaitement dans le mouvement de l'art éphémère de la transgression louant la nature et la femme, revendiquant liberté de formes et de tons, cet art considéré comme décadent et frivole que fut l'Art Nouveau.

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