Elvis sur Seine - Stéphane Michaka

Elvis

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Paris, 7ème arrondissement - Champ de Mars. Une adolescente découvre le corps inanimé d'un homme d'origine asiatique au pied du Mur pour la Paix. Signe distinctif accroché à la veste de la victime : cinq pin's à l'effigie d'Elvis Presley. Lorsque Mona Cabriole, la reporter de Parisnews, arrive sur la scène du crime, le corps a disparu et la police fait le plus grand silence sur cette affaire. Alors que l'AFP reprend la thèse officielle du « simple malaise » d'un touriste, Mona suit une piste improbable qui va la mener au King en personne. Plongeant dans les dessous du quartier le moins rock de la capitale, elle entrevoit un scoop inouï...

La collection Mona Cabriole est une série de polars rock dans Paris – 20 arrondissements – 20 romans – 20 auteurs. Chaque écrivain met ainsi en scène la jeune journaliste de Parisnews dans un arrondissement de la capitale et dispose d’une carte blanche pour introduire une dimension musicale dans son roman.

Paris, musique, la personnalité de la journaliste Mona Cabriole, telles étaient les contraintes imposées à l’auteur pour ce roman qui nous invite à une excursion dans le 7ème arrondissement, à une incursion dans la vie – la mort ? – du King. Stéphane Michaka tient le rythme, ça balance. Pour être rock, Elvis sur Seine l’est, entraînant et enlevé, sexy et noir, ironique et impudique, des scènes parisiennes à l’accent américain. Et j’ai adoré ça bien que n’ayant pas retrouvé l’émotion, le trouble envoûtant de La fille de Carnegie.

Ecrire que Stéphane Michaka a du style ne relève pas de l’euphémisme mais du pléonasme. Il donne corps à ses personnages et vie à ses décors en tirant les ficelles d’une intrigue documentée à la fois policière et intime qui se déploie entre cynisme, burlesque et suspense. La présence de Mona Cabriole – sa féminité, sa vérité – est remarquable. Et hilarante. Quoique.

Une écriture scénique, toujours visuelle et efficace, des apartés en introduction des chapitres datés, localisés. Au-delà de l’évidente maîtrise narrative, un regard et le goût de la description toute en images, un sens de la formule savoureux et des dialogues percutants. Où l’on croise la plume de l’homme de théâtre.

Ses mots plutôt que les miens :

-  » La jeune fille lève les yeux vers la tour. Cent lucioles azimutées s’autotamponnent, étoiles prisonnières d’une charpente d’acier, moucherons électrisés à heures fixes.

Au sommet, deux projecteurs DCA braquent leur faisceau à l’horizontale.

Comme s’ils cherchaient Fantômas par-dessus les toits. « 

-  » Le King était-il une Grace Kelly au masculin, sur lequel on pouvait tresser des mélopés fadasses ? Non, Elvis était une bombe atomique. La première manifestation de cette énergie survoltée qui allait conduire la jeunesse de son pays à la rébellion, au Flower Power et à Woodstock. Avant qu’elle soit ensanglantée rendue maboul cramée au Vietnam. America this is quite serious. Elvis avait vu cette génération – la sienne – commencer et finir. Naître dans l’innocence, mourir dans l’horreur. Elle avait dansé sur ses premiers disques. Elle trépignait encore, avec moins d’entrain, quand, obèse, il chantait My Way à Vegas.

Elvis était peut-être mort par dégoût de l’Amérique. « 

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