La mort lente de Luciana B. - Guillermo Martinez

Luciana b

- Pavillon Poche - Robert Laffont -

- Traduit de l'espagnol ( Argentine ) par Edouard Jimenez -

Dix ans ont passé depuis qu’il a vu Luciana B. pour la dernière fois. A l’époque, il était tombé amoureux d’elle. Bien qu’elle fût la secrétaire personnelle du célèbre auteur de romans policiers Kloster, il l’avait engagée pour taper en cachette les pages de son propre livre. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de la jeune fille gaie et séduisante qu’il a connue. Que s’est-il passé? Luciana se raconte : elle a vu, tour à tour, mourir la plupart de ses proches dans des circonstances qui semblent forcer le hasard. Survenue avec une régularité méthodique, cette série d’accidents serait l’oeuvre de Kloster. Sa grand-mère, sa petite soeur, ou bien elle-même pourraient être les prochaines sur la liste. Au bord du désespoir, elle s’adresse au seul homme susceptible de la croire. Qui sait, en tant qu’écrivain, peut-être sera-t-il à même de percer à jour les ténèbres de Kloster? Les Carnets d’Henry James et un volume de la Bible seront ses clés pour un voyage sans retour dans les plus obscures régions du cerveau humain…

Soyons honnête, j’ai lu ce roman d’une traite avec plaisir et intérêt, mais je vais chipoter…

Tout d’abord, et cela va vous paraître anecdotique, mon choix s’est porté vers cet auteur parce qu’il est argentin ( et pas pour la couverture qui me ferait plutôt fuir ). J’ai eu la chance de voyager jusqu’en Argentine, j’apprécie la littérature sud-américaine, j’attendais donc de retrouver ces atmosphères si particulières. Nada ! Mis à part l’inversion des saisons, aucun élément du récit, du contexte, ne nous raconte l’Amérique latine. Ce roman pourrait se passer dans n’importe quelle ville d’Europe ou d’Amérique, c’est dommage. C’est pourquoi, d’ailleurs, j’ai été très étonnée cette semaine, alors que je le croisais en librairie, de le voir classé en littérature sud-américaine très loin du rayon policier ( oui, j’étais encore dans une librairie il y a quelques jours, pas la peine de ricaner, je peux tout expliquer ).

Ensuite, l’épilogue est décevant : la fin est ouverte, au lecteur d’y apporter son interprétation. En fait, ce roman est divisé en deux parties, présentant chacune un témoignage : celui de Luciana qui se croit victime de la vendetta d’un auteur psychotique, celui de cet auteur, Kloster, qui se croit victime d’une jeune femme névrosée. C’est aussi pour cela que ce roman se dévore, le temps du récit y est très court. Chacun des protagonistes raconte sa version au narrateur, personnage neutre qui se garde bien d’agir et de penser, se contentant d’exprimer son malaise et son admiration-jalousie professionnelle et sentimentale pour le grand écrivain mis en cause. En cela, le texte de quatrième de couverture en rajoute un peu. Le fait que ce personnage  » intermédiaire  » soit lui-même auteur n’ajoute pas grand chose à l’intrigue. Il ne prend aucune part à ce  » duel de crédibilité « . Le roman se termine sans explication satisfaisante pour le narrateur et pour son lecteur, ce que je ne m’explique pas dans la mesure où la maîtrise de la narration est évidente, puis gâchée par le dénouement, cet effet de flou complètement décalé par rapport à l’ambiance confinée.

Plus roman psychologique que thriller, il ne s’agit pas non plus d’un roman qui interroge la création littéraire. Si l’écriture tient un rôle réel dans le déroulement des évènements, elle n’en est pas le moteur, même s’il est vrai que l’intrigue développe tout un jeu entre la réalité et la fiction, celui des intentions et des  » correspondances « , flirtant avec la mise en abyme du roman dans le roman.

En conclusion, je dirais que ce roman policier est efficace, prenant, intellectuel. Bien que cette trame confrontations-contradictions soit sans originalité, les monologues des deux personnages incriminés, les tensions entre les membres de ce trio, sont rendus avec force et dégagent une véritable tension qui exigeait une révélation et non un doute en dernière page.

Une ambiguïté finale qui serait parfaite au tomber de rideau d’une adaptation théâtrale à laquelle se prêterait remarquablement ce texte.

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Commentaires

  • claudialucia

    1 claudialucia Le 22/03/2014

    Tu chipotes alors je passe parce que je cherche le coup de foudre!

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