
- Le Passager Clandestin -
- Choisies et présentées par Patrick Farbiaz -
Des lettres ouvertes, des lettres à des instances gouvernementales, des lettres privées, des lettres de résistance civile, de désobéissance, des lettres de solidarité, des lettres qui disent non... voici ce que présente cette anthologie. Des lettres qui disent le politique, le social, qui disent l'humanité.
Chacune de ces 39 lettres, comme des manifestes, est présentée dans son contexte historique et politique par Patrick Farbiaz qui signe pour ce recueil une introduction passionnante. Il rappelle le rôle majeur de la correspondance pour l'échange et la diffusion des idées, comme en témoigne le XVIIIème siècle, celui des Lumières et des philosophe. " La plume est plus forte que l'épée ". La lettre rebelle peut être fictive, forme littéraire, elle est engagée, polémique, parfois pamphlet. Dans cette anthologie, pas de lettres fictives, elles sont témoignages et expression d'un rapport au pouvoir, à la société, d'une volonté de réagir par rapport à ce pouvoir, cette société. On pense aux lettres ouvertes de grands auteurs tels Hugo, Zola. Pour autant, ces lettres rebelles, contestataires, ne sont pas le seul fait d'intellectuels. On lit dans ce recueil des lettres citoyennes, militantes, et des lettres de guerre.
On y relit des lettres célèbres comme la lettre d'adieu de Gabriel Péri, Le Déserteur de Boris Vian, le refus du Nobel de littérature de Sartre. Les lettres ne sont pas classées chronologiquement mais par thèmes " en fonction de ce qu'elles dénoncent ou défendent " : contre le racisme, la guerre, désobéissance à l'Etat, à l'Eglise, pour la dignité...De nombreuses lettres contemporaines ( celle de la fondatrice des Femen, celle pour le droit à mourir ou celle pour la régularisation des sans-papiers ), d'autres comme des documents historiques ( dernière lettre du chef de la révolte du ghetto de Varsovie, lettre de prison de Nelson Mandela ), nombreuses parmi celles-ci dont les indignations ou revendications sont tristement d'actualité.
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Lettre de G.Flaubert à G.Sand sur un camp de Bohémiens à Rouen - 12 juin 1867 -
" Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j'ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.
C'est la haine qu'on porte au Bédoin, à l'Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. "
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- Le site des éditions indépendantes et libertaires Le Passager Clandestin ICI ( dont je recommande la collection Désobéir - Sur Bibliolingus, une chronique de l'opus Désobéir à la pub ) -
- " J'écris pour agir " - Voltaire ( dans une lettre à son ami, le pasteur Jacob Vernes )
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- Pour la première semaine de février, Mina et moi vous proposons une première semaine thématique Correspondances, lettres littéraires et roman épistolaire -
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Commentaires
1 Anne Le 31/01/2015
2 Marilyne Le 31/01/2015
3 Dominique Le 01/02/2015
4 Mina Le 03/02/2015
5 Marilyne Le 05/02/2015
6 Marilyne Le 05/02/2015