Portage - Marius Wilk

Marius wilk

- Éditions Noir sur Blanc -

- Traduit du polonais par Robert Bourgeois -

Mariusz Wilk est un auteur et journaliste polonais vivant en Russie depuis 1989, dans le Nord-Ouest de la Russie. Ce récit de voyage raconte un périple en 1999 et 2000.

 » Depuis longtemps, j’avais ce voyage en tête. Relier la mer Blanche au lac Ladoga en bateau, c’était d’une certaine manière feuilleter, comme un livre, un pays ouvert le long d’une piste d’eau. Un livre écrit par les colonisateurs russes du Nord et par les navigateurs anglais du seizième siècle, par les serfs de Pierre le Grand et les zeks de la zone pénitentiaire de la mer Blanche, et illustré par la nature septentrionale – pierre, eau, forêt – , et par la vie quotidienne en Carélie. «

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Cet ouvrage se présente comme un journal. Certes. Les chapitres sont datés et suivent le parcours en boucle effectué avec deux amis sur le canal de la Mer Blanche à bord de leur bateau l’Antour. Pourtant, cet ouvrage est bien plus qu’un journal de bord. Ce Portage, c’est un reportage, des articles développant un sujet précis, un aspect, un historique, ponctuent les étapes de la navigation.

Exigeante et passionnante lecture au fil de l’eau et de l’écriture en trois parties : – Les Notes des îles Solovki ( où résidait l’auteur à cette époque ) dans lesquelles il retrace l’histoire du Nord Russe, une culture qui s’enracine, les invasions, les saints, les boyards, les tsars et Novgorod-la-Grande; – A travers la Carélie, le cœur de ce livre, relatant l’historique technique et humain des travaux de construction du canal sous Staline, les villages appauvris, les monastères, le complexe concentrationnaire mer Blanche-mer Baltique, les paysages et les épaves soviétiques, les alcools et les nuits  » blanches  » sous le climat de ces latitudes, le voyage s’étant déroulé au cours de l’été; – Le Journal du Nord, en épisodes d’hiver, souvenirs d’expéditions russes.

Carte canal mer blanche 300x257

Les pages de ce livre sont nourries de rencontres, humaines et littéraires. L’auteur nous raconte la vieille Russie, celle qu’il nomme la rousskaïa gloubinka, la province russe, la Russie profonde, y convoque des écrivains – s’attardant sur l’œuvre de Varlam Chalamov, mettant en cause certaines références d’Alexandre Soljenitsyne, citant des chroniques et récits des siècles passés – abordant la linguistique, l’archéologie, l’architecture ainsi que l’histoire religieuse, économique, politique.

L’érudition du propos, complétée par des notes de bas de page quant à l’usage de certains termes russes ou les définissant ( commentaires majoritairement du traducteur mais aussi parfois de Mariusz Wilk ) n’étouffe pas le récit de voyage, servi par le ton enlevé, l’enrichit, ajoutant aux lieux, aux moments, aux mots choisis, reliefs et perspectives.

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