Sur l'île noire - Sonja Delzongle
- Paulsen - 2021 -
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Ce récit de voyage en Ecosse, c'est l'un des souvenirs des Quais du Polar. L'autrice, Sonja Delzongle, écrit des romans policiers ( que je n'ai encore jamais lus, à suivre ). J'étais intéressée par ce texte, la rencontre et l'échange lors d'une séance de dédicace puis d'un entretien ( autour de son dernier roman Abîmes - éditions Denoël ) m'a convaincue parce que Sonja Delzongle est sensible à la mémoire des lieux, aux atmosphères, aux paysages, " à la puissance géologique d'un lieu " ( ce qui se retrouve dans ses polars ).
" Les lieux s'expriment, impriment une émotion. "
Sonja Delzongle part pour les Highland en automne - pluie, neige, brouillard, nuit abrupte - à la rencontre du " monstre du Loch Ness " , de la fascination qu'il exerce. Je dois écrire qu'ELLE exerce.
" Ici, on parle du monstre au féminin. Un peu curieux, pour ce qui me paraît être un vieillard solitaire, rescapé du fond des temps. "
Un récit de voyage, c'est toujours un voyage autant extérieur que intérieur, une géographie intime qui se déploie. L'autrice réfléchit, au fil des chapitres courts en variations, des rencontres, de ses recherches, à cette notion de monstre, à celle de la quête, bien plus qu'une enquête, à notre faculté, notre volonté de croire.
Documentée, elle fait le point sur l'histoire et les manifestations du monstre, entre mystères et mystifications, nous entrainant à Fort Augustus - " Lourdes du Loch Ness " -, aux ruines du château Urquhart, sur les berges du Loch, sur l'île de Skye - l'île aux fées -, jusqu'à la forteresse d'Eilean Donan. Elle s'attache aux paysages, aux brumes, aux sensations, aux couleurs - vase, tourbe, cette eau grise et lisse du loch -, à la faune naturelle et surnaturelle, croisant quelques fantômes.
La littérature accompagne son propos avec Le monde perdu de A.Conan Doyle ou La Dame du lac de Walter Scott, interrogeant notre imaginaire collectif ( en commençant par la part d'enfance, le titre est une référence à un album de Tintin - L'île noire - ) et la figure du montre. Le mot monstre, de monstrare en latin, montrer, donner à voir - ce qui dérange et émerveille -, ce qui est étrange et étranger. Elle s'interroge également sur les " chasseurs " du monstre et des " pélerins ", leurs motivations. La quête, ce qui est fantasmé. Ou canulard mercantile ?
" Cette quête d'une hypothétique créature devenue légendaire a excité l'imaginaire qui sommeille dans tout être humain. Révélateur ou moteur, elle lui a appris ce qu'il ne pouvait soupçonner en lui-même. Patience, rigueur, passion, curiosité, naïveté chez les uns, malhonnêteté, amoralité, cupidité, cynisme chez les autres. "
Finalement, le monstre du Loch Ness, c'est une aventure humaine, passionnante, fascinante.
" Partout, dit-il. Il est partout. Et nulle part à la fois. Notre pensée. Notre foi. Notre désir. Notre imagination. Cela lui donne vie et force. ça va au-delà de l'existence d'un animal rescapé de la préhistoire qui vivrait dans les abysses du lac. Nessie est une religion qui a autant d'adeptes que de détracteurs ou de sceptiques et de non-croyants. Mais il y a les agnostiques, comme moi. Comme vous, peut-être. Ceux qui pensent que sans preuve, il n'y a pas de certitudes. Mais que, malgré tout, quelque chose existe, sous une forme inconnue. Une chose qui brille autant par son absence que par sa présence. "
A la lecture de ce récit de voyage, j'ai appris l'existence de la cryptozoologie : l'étude des animaux " cachés ", non encore répertoriés.
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Commentaires
1 Kathel Le 24/05/2022
marilire Le 25/05/2022
2 Anne Le 25/05/2022
marilire Le 25/05/2022
3 Aifelle Le 25/05/2022
marilire Le 25/05/2022
4 A_girl_from_earth Le 26/05/2022
marilire Le 27/05/2022
5 Patrice Le 08/06/2022
marilire Le 09/06/2022