
- Editions de l'Olivier - 2019 -
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Le 16 décembre 1862, le poète Walt Whitman apprend que son frère George a été blessé à la bataille de Fredericksburg (Virginie), l'une des plus meurtrières de la guerre de Sécession, et décide de partir à sa recherche. À Washington il fait le tour des hôpitaux militaires, déambule entre les lits, bouleversé par les corps mutilés et par tous ces jeunes soldats dont " les visages sont comme des prières nues ".
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Alors que je suis ( trop ) peu ( ? ) lectrice " d'histoire américaine ", cette lecture m'a enchantée, par son écriture et ses motifs.
Dans ce froid de décembre, le poète Walt Whitman, vieillissant, se considérant comme tel alors qu'il a la quarantaine, découvre la réalité meurtrière de la guerre à travers les corps en souffrance des jeunes soldats - " Rien n'est plus sacré que le corps [...], même faible et déformé, puisqu'il abrite l'âme, mais il sait que désormais il ne pourra plus le célébrer comme autrefois dans ses poèmes. Qui, à présent, lui paraissent insignifiants. " . Il prend également conscience de la réalité de son pays - " de l'immensité et de la diversité de son pays, et il écrira dans un poème que l'Amérique est non seulement une grande nation, mais une nation qui fourmille de tant d'autres nations, et c'est ça qui fait sa grandeur. "
Ces prises de conscience, son humanité en action par le soutien qu'il apporte au quotidien dans les hôpitaux, l'inciteront à revenir à l'écriture, à cette époque où elle lui fait défaut.
" Quel poème funeste gît sur chaque lit "
Ce roman est d'une grande beauté, émouvant, pudique et cru à la fois, il offre ses pages aux descriptions qu'elles soient bucoliques ou humaines. Ce récit, c'est aussi, par les pérégrinations et les souvenirs du poète, un tableau d'époque, politique autour de l'Union, géographique avec Brooklyn d'abord, Washington ensuite, en cette fin de XIXème siècle, puis les rencontres avec les soldats blessés qu'il assiste - " ces soldats vaincus [...] cette grande armée de malades et de mutilés " -, venus de loin, parfois, d'autres espaces américains.
Connaissant peu le parcours de Walt Whitman, charpentier, journaliste, j'ai pu suivre ses pas, comprenant son attachement à la terre et aux hommes du peuple, et lire avec plus de compréhension quelques poèmes que je suis allée chercher dans son recueil Feuilles d'herbe. L'une des parties s'intitule Le tambour bat, elle est consacrée à la guerre de Sécession, à l'idéal de démocratie et d'union, aux soldats.
" Et Walt d'imaginer ce paysage au printemps, avec les prés verdoyants et odorants, les champs, les fermes familiales et les granges de jadis, avec les lilas et les églantiers bordant les allées, les cris des enfants en floraison, les boeufs qui battent de la queue en meuglant avec ferveur et une brise tiède et légère qui court à travers les arbres et les herbes folles à l'heure où nos pas allongent nos rêves. Mais on n'entend à présent que le gémissement du train et ça sent déjà la poudre et le sang. "
Bel hommage de l'auteur à l'homme et à l'oeuvre.
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- Le billet de Dominique - Celui de Kathel -
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Barlen Pyamootoo vit à l'Île Maurice. L'écivain mauricien signe avec Whitman son cinquième roman, se consacrant depuis son retour sur l'île ( après des études et une carrière d'enseignant en France ) à l'écriture et à l'édition. Il a également réalisé l'adaptation cinématographique de son premier roman : Bénarès, premier film mauricien, en créole mauricien. Il a actuellement le projet de créer un Festival du Livre sur l'Île Maurice. Il explique ce projet dans un article de l'Express.mu ( 10 janvier 2021 ) ICI.

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- Semaine de la Francophonie avec Anne qui vous présente Le désespoir est un péché de Yasmine Khlat -
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En ce Printemps des Poètes, un poème de Walt Whitman :
Allant péniblement dans les forêt de Virginie,
Mes pas faisaient musique du froissement des feuilles sur le sol
( la saison était en effet l'automne ),
Au pied d'un arbre j'aperçus la tombe d'un soldat,
Blessé à mort dans la retraite et enterré ici ( la déduction était facile ),
Une demi-heure de halte en plein midi et puis hop debout ! pas de temps à perdre - laissant derrière moi ce signe cependant
Gravé sur une petite planche clouée à l'arbre près de la tombe :
Courage, prudence, fidélité, à toi mon camarade aimé.
Je demeure longtemps perdu dans mes pensées puis passe ma route,
Vers le manège changeant des saisons, le manège aux scènes multiples de l'existence,
Et cependant si changeantes soient les scènes ou saisons,
abruptement dans la solitude ou la foule d'une rue,
Surgit devant moi l'image de la tombe du soldat inconnu,
revient l'inscription grossière au coeur du bois virginien :
Courage, prudence, fidélité, à toi mon camarade aimé.
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- Extrait de Feuilles d'herbe - Le tambour bat - ( Poésie Gallimard - Traduction de Jacques Darras ) -
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Commentaires
1 Ingannmic Le 20/03/2021
marilire Le 20/03/2021
2 Aifelle Le 20/03/2021
marilire Le 20/03/2021
3 Dominique Le 20/03/2021
marilire Le 20/03/2021
4 Anne Le 20/03/2021
marilire Le 20/03/2021
5 Kathel Le 20/03/2021
marilire Le 20/03/2021
6 A_girl_from_earth Le 21/03/2021
marilire Le 22/03/2021
7 Bonheur du Jour Le 21/03/2021
Bon dimanche.
marilire Le 22/03/2021
8 keisha Le 21/03/2021
marilire Le 22/03/2021
9 Ingannmic Le 21/03/2021
marilire Le 22/03/2021
10 Violette Le 22/03/2021
marilire Le 22/03/2021
11 Tania Le 22/03/2021
marilire Le 23/03/2021