Ciné Décembre#2

Mieux vaut tard que jamais... trois autres films en décembre. 

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Mariana

- Film chilien de Marcela Said -

- Sortie le 13/12/2017 -

Mariana, une quadragénaire issue de la haute bourgeoisie chilienne s’efforce d’échapper au rôle que son père, puis son mari, ont toujours défini pour elle. Elle éprouve une étrange attirance pour Juan, son professeur d’équitation de 60 ans, ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Mais cette liaison ébranle les murs invisibles qui protègent sa famille du passé. Jusqu’où Mariana, curieuse, insolente et imprévisible sera-t-elle capable d’aller ?

Le titre original de ce film est " Los Perros ", qui signifie Les chiens en espagnol. Et ce titre original dit beaucoup de ce film. On y croise souvent des chiens, les animaux et les humains. Si Mariana est la figure centrale de cette histoire, plutôt de cette chronique chilienne, elle est l'allégorie d'un pays entre passé-présent et avenir; un pays comme cette femme, qui flirte avec les ombres. Une chienne parmi les chiens ?

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Ce film est très fort pour raconter le malaise chilien; prégant le malaise. Elle dérange Mariana, elle est dérangeante. Elle cherche, elle se cherche, provocatrice, trop gâtée, d'une puérilité adolescente parfois, sans gêne et directe. Un père riche et puissant, un mari qui suit ses traces, un traitement médical contre la stérilité et ce désir - cette volonté de savoir, par leur passé, qui sont ces hommes autour d'elle. Et malgré tous ces hommes, ce film est féminin, féministe. Eux, ils sont politiques.

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Mariana, ce sont ces scènes denses, au plus près, ces expressions sur les visages des acteurs excellents, le poids des silences; c'est cette femme complexe, comme son identité, c'est son roman familial et national. C'est un film trouble et troublant sur des musiques magnifiques, des chansons d'amour, du tango, une atmosphère au huis-clos. Il n'y a pas de leçon, pas de réponse. Il y a une cruauté latente dans ce film, il m'a perturbée, et je l'ai adoré.

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Orient express

- Film américain de Kenneth Branagh -

- Sortie le 13/12/2017 -

Le luxe et le calme d’un voyage en Orient Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau. 

Alors, cette fameuse adaptation du roman d'Agatha Christie... Mon avis est mitigé. En allant voir ce film, j'ai essayé de me détacher du souvenir de lecture ( pas récent ), consciente qu'une adaptation cinématographique reste une interprétation ( j'ai toujours pensé que les romans d'Agatha Christie se prêtent bien plus au théâtre qu'à l'écran ).

J'ai apprécié la mise en valeur des grands paysages, de villes comme de neige - même si ce spectaculaire ne me semblait pas nécessaire dans l'esprit du roman mais c'est cinéma, c'est pour le plaisir des yeux - tout ce charme de l'Orient-Express ainsi que l'élégance du film. J'ai également apprécié le jeu des acteurs, la prestation de Michele Pfeiffer, celle de Johnny Deep qu'il fut plaisant de revoir dans un rôle autre que grand guignol, sobre, inquiet et inquétant, sans excessif, le ton, les regards ( dont cette scène face au miroir ), et bien-sûr Kenneth Branagh qui campe un Hercule Poirot tout-à-fait honorable ( en se torturant à parler un anglais avec un accent français absolument savoureux, mais l'accent français ce n'est pas l'accent belge ;)).

Deux aspects m'ont gênée : la première scène, surnuméraire à mon goût, à Jérusalem, avant le train, comme une introduction trop longue, une présentation du personnage d'Hercule Poirot. Qui m'a confirmé une impression au long du film : cette adaptation est également un hommage au personnage ( quid de cette Catherine dont il promène le portrait ? ), présent dans quasiment toutes les scènes, hommage conclu par le clin d'oeil en épilogue avec l'allusion à une enquête sur le Nil. Ensuite, la révélation du lien avec l'affaire Amstrong, et donc que la clé de la résolution de ce crime est dans le passé, m'a paru être donnée trop tôt. De ce fait, l'enquête est résumée à la recherche des implications dans ce passé de chacun des personnages.

Quoiqu'il en soit, ce film m'a rappelé que, si j'ai lu la copieuse Une autobiographie d'Agatha Christie, m'attend toujours sur une étagère La romancière et l'archéologue. 

Et comme j'ai de la chance, je retourne voir ce film avec Fiston, maintenant que le roman, lecture scolaire des vacances, est lu, il ne faudrait quand même pas qu'il le manque ( surtout depuis qu'il sait qui joue le rôle de l'affreux-poignardé, il est encore plus motivé... )

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Le 24 décembre, en fin d'après-midi, grâce à un " ciné-club " mensuel organisé par mon cinéma favori, nous sommes allés voir Le mécano de la Générale de Buster Keaton, parce que pouvoir assister à une projection de ces anciens films ( comme ceux de Chaplin ) en salle obscure sur grand écran, c'est une opportunité, c'est bien meilleur :)

Mecano

Nous avons ri de bon coeur dans cette salle, dans laquelle nous étions loin d'être seuls : des familles assistaient à la projection. Et nous avons été agréablement surpris d'entendre, tout le long de ce film, les enfants s'esclaffer aux gags d'un film muet en noir et blanc. Comme quoi. Les fêtes commençaient très bien.

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J'ajoute à cette chronique un documentaire vu cette première semaine de janvier :

Kedi

- Film turc de Ceyda Torun -

- Sortie le 27/12/2017 -

Depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi sauvages, mi domestiqués – et apportent joie et raison d’être aux habitants. KEDI raconte l’histoire de sept d’entre eux.

Ce documentaire est aussi original que joli et intéressant. Kedi signifie chat en turc. Le sous-titre de ce film est parfait : Des chats et des hommes. 

Ce film nous raconte les chats d'Istanbul, si symboliques de la ville où ils sont omniprésents, à la fois libres et proches des hommes. A chacun leur histoire, leur personnalité. Nous est aussi racontée la relation particulière qu'ils entretiennent avec ces hommes, ces femmes, qui les nourrissent, les câlinent, sans les domestiquer. Ce sont des chats de quartier. Et c'est l'histoire de ces personnes, leur regard sur le chat, ce qu'ils ressentent et projettent sur les chats.

Ce documentaire est également une belle promenade dans Istanbul, réaliste et contemporaine, sans démonstration. Il est difficile d'écrire " d'une grande humanité " lorsqu'il est question de chats, c'est pourtant le cas de ce documentaire à hauteur de félins urbains et de la population stambouliote.

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Les séquences filmées dans le quartier du port m'ont rappelé de bons souvenir, une escapade à Istanbul il y a déjà quelques années. Et je me souviens de notre journée balade dans ce quartier, de notre dîner au bord de l'eau, sur ce quai de restaurants où nous étions effectivement entourés de chats que les serveurs éloignaient mollement, le sourire aux lèvres :)

Ce sourire, c'est ce que donne ce film.

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En ce début d'année 2018, je me suis demandée lesquels, parmi les films vus en 2017, me restent, ceux que je souhaiterais revoir sur grand écran. Ce serait : - le Neruda de Pablo Lorrain - Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh et - Mariana de Marcela Said.

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Commentaires

  • Aifelle

    1 Aifelle Le 04/01/2018

    J'ai vu des extraits du documentaire ; je pense qu'il va sortir dans mes salles art et essai.
  • Marilyne

    2 Marilyne Le 04/01/2018

    @ Aifelle : je te le souhaite, ce film fait du bien. J'ai oublié de parler de la musique, des chansons turques, qui ajoutent au voyage.
  • maggie

    3 maggie Le 05/01/2018

    Une autobio de Christie m'avait beaucoup appris sur la romancière... Le crime de l'orient express, Keaton et le docu me tentent beaucoup ! De quoi alimenter ma dvdthèque ( Keaton) ou mes soirées ciné !
  • Lili

    4 Lili Le 06/01/2018

    Sans surprise, "Kédi" ne passe pas dans mon trou paumé... bon, je l'attendrai donc sur petit écran ! En tout cas, il me rappelle un roman grec, "Les sept vies des chats d'Athènes", que j'avais bien aimé :)
    Pour ce qui est du "Crime de l'Orient Express", il me semble que dans le livre, l'introduction est également assez longue. Et en effet, Poirot a sa propre Irene Adler ! J'entends de cette adaptation de Branagh des échos assez divers, notamment sur son interprétation "sportive" de Poirot... Je ne sais pas du coup... J'ai tellement en tête la merveilleuse interprétation et la merveilleuse mise en scène de cette enquête dans la série anglaise avec David Suchet que j'ai peur d'être déçue. Du coup, comme "Kédi" mais par choix cette fois, je l'attendrai sur petit écran !
  • Ingannmic

    5 Ingannmic Le 06/01/2018

    Ah zut, "Mariana" passait en avant première avec présentation de sa réalisatrice dans un petit cinéma de Marseille alors que j'y étais en déplacement, vers la mi décembre, et je l'ai loupé, ne trouvant pas le courage de quitter l'hôtel après une journée bien remplie !! Je regrette amèrement de ne pas m'être fait violence !!
    Ceci dit, il passe encore dans des salles près de chez moi, je peux toujours voiir le film, au moins...
  • dasola

    6 dasola Le 06/01/2018

    Bonsoir Maryline, il faudrait que j'aille voir le documentaire sur les chats. Tu donnes envie. Merci. Sinon, même si je l'ai pas mis dans mon top de 2017, le Neruda (le premier film que j'avais vu en 2017) m'avait plu. Bonne soirée.
  • Alys

    7 Alys Le 07/01/2018

    Haha! J'ai vu Kedi hier. J'ai beaucoup aimé. Je ne sais pas si ça peut parler aux gens qui n'aiment pas les chats... Mais si tu aimes les chats, c'est parfait. Ils sont tellement beaux et formidables, chacun à leur manière. J'aime beaucoup cette manière de parler très simplement de ce que les chats nous apportent, sans vouloir forcément percer leur mystère (car il y a quelque chose de mystérieux chez le chat!) mais en le respectant. Mon seul petit reproche est que je m'attendais, et aurais aimé, en savoir plus sur Istanbul, peut-être avec quelques mots sur les quartiers visités. C'était beau de la découvrir toutefois; cette ville a l'air tellement variée.
    Je te rejoins concernant la scène d'intro de l'Orient-Express. C'est surtout le coup de la canne que j'ai trouvé de trop... Comme un super-pouvoir de super-héros. ^^
  • Marilyne

    8 Marilyne Le 07/01/2018

    @ Lili : ah, dommage pour Kedi. Il vient de sortir, peut-être un peu plus tard ?
    Pour " Le crime de l'Orient-Express ", je parlais de la première scène du film absente dans le livre, une scène à Jerusalem où Poirot résout un vol, scène très politiquement correct, ce qui sera confirmé par les grandes embrassades avec un ami stambouliote par la suite... Je ne savais pour la dame d'Hercule Poirot. Je me demande comment le film rendra sur petit écran. Figure-toi que de discuter comme ça d'Agatha Christie, notamment avec mon fils, m'a sérieusement donné envie de relire quelques romans aussi :-) ( mais bon, tellement d'autres projets lectures ! )
  • Marilyne

    9 Marilyne Le 07/01/2018

    @ Maggie : ah, ah, j'attends d'en savoir plus bientôt sur tes pages :)
  • Marilyne

    10 Marilyne Le 07/01/2018

    @ Ingannmic : alors j'espère, oui, que tu verras le film, j'aimerai beaucoup un avis à ce propos ( je n'en rajouterai sur les regrets de la rencontre, j'en ai déjà manqué quelques unes seulement pour des raisons météorologiques ... )
  • Marilyne

    11 Marilyne Le 07/01/2018

    @ Dasola : bonjour Dasola, j'espère que apprécieras la promenade féline stambouliote. Je suis contente que Neruda t'ait plu, je l'ai peu vu apparaître sur les blogs.

    @ Alys : Merci pour ton commentaire. Oh, pour Kedi, je crois qu'effectivement, il vaut mieux aimer les chats :). Je suis d'accord avec ta remarque sur les quartiers d'Istanbul et en même temps je me dis que le film étant tourné vers les chats, peu leur importe nos " distinctions " dans le genre des quartiers ( la preuve, le Gentleman ;))
    Ah, ah, bien d'accord aussi pour le coup de canne de Poirot à Jerusalem ! Too much. Ceci dit la scène, avec les oeufs et la canne, a beaucoup plu à mon fils ( 13 ans ) et j'ai l'impression que cela lui a permis de bien entrer dans le film.
  • niki

    12 niki Le 11/01/2018

    d'accord avec le mitigé pour concernant "le crime de l"orient express" bien que l'ensemble se laisse regarder -
    j'ai malheureusement raté "kedi", il semble qu'il soit passé dans les salles bruxelloises en été, il m'est passé sous le nez - dommage, mais j'espère qu'un dvd en sera édité :)
  • Tania

    13 Tania Le 11/01/2018

    Je retiens le mot kedi, merci.
  • Marilyne

    14 Marilyne Le 12/01/2018

    @ Niki : alors Kedi est sorti en Belgique bien avant la France, ici, c'est seulement depuis fin décembre !

    @ Tania : je me demandais pourquoi ce titre, j'ai eu l'explication par la VO :)
  • Lilly

    15 Lilly Le 13/01/2018

    J'ai passé un très bon moment avec "Kedi" et "Le Crime de l'Orient-Express", même si ce dernier a clairement des défauts. Concernant ta remarque sur la révélation de l'identité du mort, il me semble bien que dans le livre, Poirot la trouve très rapidement aussi. Dans tous les cas, j'ai réussi l'exploit d'être surprise alors que j'ai lu deux fois le roman (dont une il n'y a pas si longtemps). J'ai vraiment une mémoire de poisson rouge...
  • Marilyne

    16 Marilyne Le 13/01/2018

    @ Lilly : c'est possible, oui, que dans " Le crime de l'Orient-Express " la révélation soit rapide, je n'ai pas relu. Peut-être que c'est le " défaut " d'un film par rapport à une lecture, nous avons moins le temps de nous " installer " dans le récit. Je ne me souvenais pas que le détail de l'affaire Amstrong était donné aussi tôt. C'est plutôt un avantage une mémoire de poisson rouge pour les romans policiers :)
  • Valérie

    17 Valérie Le 14/01/2018

    Mon fils n'a pas été emballé par Le crime de l'Orient Express, du coup, je n'y suis pas allée.
  • Marilyne

    18 Marilyne Le 15/01/2018

    @ Valérie : les avis sont partagés pour ce film, mais, après l'avoir vu deux fois, je le considère quand même comme un bon moment de cinéma.
  • Maeve

    19 Maeve Le 02/02/2018

    J'ai vu aussi "Le crime de l'Orient Express" mais pas trop aimé car, mis à part le soin apporté au décor, c'est assez loin de l'oeuvre d'Agatha Christie : j'ai pas du tout reconnu la personnalité de Poirot, ici assez imbu de lui-même. :)
  • Marilyne

    20 Marilyne Le 04/02/2018

    @ Maeve : bienvenue et merci pour ce commentaire. Oui, orgueilleux, c'est certain. C'est surtout la maniaquerie qui m'a paru exagéré, dès la première scène.

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