La disparition de Josef Mengele

 

Disparition mengele

- Les Arènes - 2022 -

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Cette BD est l'adaptation du roman éponyme d'Olivier Guez. Le récit est à la fois biographique et politique, relatant le périple du médecin nazi et la chasse pour le rattraper, l'arrêter et le juger. L'album est copieux, presque 200 pages, sur un scénario de l'excellent Matz ( dont je vous recommande la série Le Tueur, série sociale et politique également, contemporaine et cynique, prenante ). Les dessins signés par Jörg Mailliet semblent inspirés par le trait de maîtres argentins tels José Munoz, inspiration justifiée par les lieux du récit :

1949, J.Mengele parvient à se réfugier en Argentine. Les pages déroulent ses séjours sud-américains ( Paraguay, Brésil ), la traque qui se poursuit, se rapproche malgré les années, les changements d'identité et de nationalités. Elles racontent, après l'Argentine, la précarité jusqu'à l'abandon, la déchéance et la misère dans des zones rurales, l'orgueil toujours, la paranoïa qui va dévorer ce " scorpion ", jusqu'à son décès en 1979.

" C'est l'histoire d'un scorpion. Mais à chaque fois que vous retournez une pierre, il y a une mygale, un crotale, un cobra : les amis du scorpion. "

L'Argentine, c'est celle de Péron, où se sont retrouvés collaborateurs et dignitaires nazis. Le récit met en évidence les réseaux qui leur permet de s'installer, de travailler, tout en continuant à croire à l'idéologie nazie, à projeter un IVème Reich... jusqu'à l'arrestation de Ricardo Klement-Adolf Eichmann ( je vous renvoie au livre d'Ariel Magnus Eichmann à Buenos-Aires dénonçant les complicités argentines ). En Argentine, Mengele est Le pacha. En fuite, il devient Le rat En parallèle, le récit dévoile la famille Mengele, sa vie et mentalité seigneuriales, sa fortune industrielle, son soutien financier, la relation ambigüe avec le fils qui ne l'a pas réellement connu enfant ainsi que les étapes de la recherche du docteur tortionnaire. Le récit s'autorise des retours dans le passé, dans l'abomination d'Auschwitz, il se clôt sur les années 80, les témoignages et les révélations.

Les pages sont denses, en informations, en textes, en dessins. L'atmosphère est parfaitement rendue, délétère, poisseuse, inquiétante, servie par la mise en couleur de Sandra Desmazières qui décline une gamme crépusculaire d'ocres ( évoquant parfois un monochrome sépia ) aux touches de bleu, de vert, couleurs froides. Le découpage dynamique, le trait expressif, les nombreux personnages pour autant de décors, les ombres et les cauchemars, les pleines pages, font que cette BD empoigne.

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Commentaires

  • Aifelle

    1 Aifelle Le 24/05/2023

    J'ai longtemps hésité devant le livre, que je n'ai finalement pas lu. La BD me paraîtrait peut-être plus facile à aborder.
    marilire

    marilire Le 25/05/2023

    Certainement. Je n'ai pas lu le livre, mais l'auteur écrit en préface comme cette adaptation ( à laquelle il a pu participer un peu ) est réussie. Matz est un scénariste de talent.
  • Dominique

    2 Dominique Le 24/05/2023

    En BD c'est peut être pas mal ,, je n'avais pas été emballée par le roman mais je l'ai lu il y a déjà longtemps alors j'ai peut être oublié
    marilire

    marilire Le 25/05/2023

    Je me souviens de la parution du livre, j'avais hésité et laissé passer.
  • A_girl_from_earth

    3 A_girl_from_earth Le 26/05/2023

    J'avais laissé passer le livre aussi à sa parution. La BD pourrait être un bon compromis pour aborder cette histoire même si, à la base, je préfère lire le livre original avant.
    marilire

    marilire Le 26/05/2023

    Je comprends. Sûrement que le livre est plus développé.
  • Anne

    4 Anne Le 28/05/2023

    J'ai le roman Eichmann à Buenos Aires, pas encore lu... Je n'ai pas lu le roman d'Olivier Guez et je ne lis plus de BD...

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