Ma vie avec Apollinaire - F.Sureau
- Gallimard - 2020 -
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Ce titre est le premier d’une nouvelle collection Gallimard « ma vie avec...», dans lequel l’auteur ( du domaine de la littérature, mais il peut être aussi de celui de la politique, de la science, de l’histoire ) raconte sa relation avec un ami, écrivain, philosophe ou poète, dont la pensée et l’oeuvre l’ont accompagné.
Il s’agit d’un récit intime de compagnonnage, pas d'une biographie, ce n’est pas le principe.
« Je ne suis pas un spécialiste d’Apollinaire. Lorsqu’on a un ami, on n’est pas le spécialiste de sa vie.»
Pour ce titre, c’est l’association du nom de François Sureau à celui de Guillaume Apollinaire m’a interpellée. Ayant vagabondé dans l’oeuvre d’Apollinaire ( poésie et prose ), dans son époque, j’étais curieuse de lire ce « compagnonnage» avec l’auteur de deux lectures marquantes : L’obéissance et Le chemin des morts.
François Sureau signe un récit à rebours, débutant avec le mariage d’Apollinaire en 1918, quelques mois avant son décès à 38 ans - « des hasards de la maladie aux hasards de l’origine ». Son propos est précis, documenté, érudit à plaisir quant au milieu littéraire et artistique de ce début du XXème siècle.
François Sureau a rencontré Guillaume Apollinaire a l’adolescence, ils ne se sont plus quittés. Sur les pages, l’auteur revient sur des souvenirs et des expériences personnels, sur des questions, qu’il relie au parcours du poète, à l’oeuvre.
« Guillaume est singulier, parmi ceux que j’aime de ce temps-là, parce qu’il n’est pas parti. Il attendait de grandes choses du monde nouveau, il les a attendues jusque dans la guerre. Lorsque ce monde se faisait trop dur, il espérait le transformer par l’art, et l’oublier dans l’amour. Il s’y est projeté de grand coeur et cela me touche, surtout aujourd’hui où tant de contemporains n’ont pas de mots assez durs pour leur temps, pleurant un passé imaginaire.»
En variations, l’auteur aborde les moments de la vie d’Apollinaire, l’écriture ( dans tous ses aspects : journalisme, poésie, théâtre, pornographie ), les amitiés ( Picasso, Cendrars, Max Jacob ) et les amours ( avec notamment les lettres ), le soldat engagé, la quête de reconnaissance par la France. Il réfléchit à son statut d’étranger naturalisé tardivement, d’auteur, de poète assassiné.
« A nos yeux seul Rimbaud est mort jeune, peut-être parce nous datons sa mort du jour où il a cessé d’écrire. Mais le jeune homme foudroyé, c’est aussi Guillaume et personne ne le voit ainsi, sans doute parce que cette vie brève avait, au moment de s’achever, contenu bien des vies, au point d’en tirer l’impression que les années d’Apollinaire comptent double, comme toute celles qu’on passe dans les épreuves.
L’Apollinaire de ce temps a la tête bandée pour l’éternité. Le jeune homme massif au regard triste de convalescent restera pressé entre les pages de cet herbier monstrueux qu’est le Lagarde et Michard.»
Pour conclure, je m’approprie cet extrait : « Notre monde moderne, en art au moins, n’est pas né en 1920 à Montparnasse. Il avait commencé vers 1890, comme Morand le rappelle à juste titre dans son journal. Duchamp, Apollinaire, Cendrars ou Picasso en avaient essayé les formes avant que la guerre de masse ne prolonge le futurisme dans la mort industrielle. J’ai été très tôt sensible à ce bouillonnement.»
En refermant ce livre, je me demandais qui j’aurais choisi pour un « ma vie avec...». Je crois que j’aurais nommé Stefan Zweig, rencontré à l’adolescence également.
Et vous ?
A propos d’Apollinaire : Le tombeau d’Apollinaire de Xavier-Marie Bonnot.
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Commentaires
1 Dominique Le 25/06/2022
Pour ta question pour moi ce serait Montaigne ou Proust mon coeur balance
marilire Le 26/06/2022
2 A_girl_from_earth Le 27/06/2022
marilire Le 27/06/2022
3 Bonheur du Jour Le 27/06/2022
marilire Le 27/06/2022
4 niki Le 30/06/2022
marilire Le 01/07/2022