Après Kedi, le documentaire félin stambouliote, deux films à la tonalité contraire, du lumineux au sombre.
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- Film japonais de Naomi Kawase -
- Sortie le 10/01/2018 -
Misako passe son temps à décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescripteur de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection, elle rencontre Masaya, un photographe au caractère affirmé dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.
Ce synopsis m'a tellement fait songer au délicat roman de l'auteure coréenne Han Kang, intitulé Leçons de grec , que je ne pouvais manquer ce film; ce film sur la perte, la résilience, l'acceptation et le don de soi. J'y ai retrouvé ces thèmes, l'atmosphère dans son attention aux sensations, aux instants. J'y ai retrouvé cette reflexion sur les sens et les mots, la façon dont ils permettent et limitent notre rapport au monde, notre relation aux autres.
Dand ce film, j'ai découvert l'exigeant métier de audiodescripteur. Il s'agit d'insérer dans un film, entre les paroles, des descriptions efficaces pour permettre aux non-voyants de profiter du film. Mais comment décrire sans être trop factuel, sans trop interpréter; comment rendre les images, les émotions, par les mots. Il y a un film dans ce film, nous assistons à ce travail de préparation de l'audiodescription avec des non-voyants consultants. Ce travail, les questions posées, les remarques sont très intéressantes.
Si ce film est une romance - une romance entre cette femme en deuil de son père et cet homme en deuil de son art, tous deux fiers, heurtés par leurs chaos intimes -, c'est également un film sensible, comme une pellicule entre nous et notre perception, entre nous et nos émotions, entre nous et notre représentation de notre réel.

Alors, lors de cette projection, nos émotions comme nos sens sont sollicités, en douceur, en profondeur; avec les lumières, parfois aveuglantes, les contre-jours, et la caméra au plus près des acteurs; avec les sons, la pluie, le vent dans les arbres, et une très belle musique d'Ibrahim Maalouf.
- Dasola a été très déçue, sa chronique ICI -
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- Fim britannique de Joe Wright -
- Sortie le 03/01/2018 -
Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier Ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies et par l’armée britannique dans l’incapacité d’être évacuée de Dunkerque.
Alors que plane la menace d’une invasion du Royaume- Uni par Hitler et que 200 000 soldats britanniques sont piégés à Dunkerque, Churchill découvre que son propre parti complote contre lui et que même son roi, George VI, se montre fort sceptique quant à son aptitude à assurer la lourde tâche qui lui incombe. Churchill doit prendre une décision fatidique : négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie et épargner à ce terrible prix le peuple britannique ou mobiliser le pays et se battre envers et contre tout.
Les heures sombres, ce sont ces quelques jours de mai 1940 durant lesquels le gouvernement anglais, représenté par W.Churchill, va prendre les décisions qui vont engager la résistance du Royaume-Uni au nazisme. Ce sont les affres de la nomination de Churchill au poste de Premier Ministre, les doutes, les manoeuvres.
Ce film est intimiste. Il se déroule de réunions et entretiens avec le roi en scènes privées, principalement en intérieur. Les grandes démonstrations se font avec les mots, les dialogues, les discours. Et c'est cette mise en scène qui rend ce film si prenant.
Nous n'avons pas vu passer les deux heures de ce film, pris par la tension et par l'humour, également omniprésent, cet humour so british. Les échanges entre les personnages, les drôles, les émouvants, les violents, sont une réussite; ils sont le film.
Les personnages sont bien campés, sans être des caricatures, avec mention spéciale pour la prestation époustouflante dans tous les registres de Gary Oldman - très bien entouré - dans le rôle de Churchill. J'ai apprécié que Madame Churchill ( Kristin Scott Thomas ) ne soit pas négligée, présente, apportant sa touche d'humour, d'amour et d'humanité face aux séquences viriles de discussions stratégiques.

Par ce film, j'ai découvert l'incroyable opération Dynamo et les possibles négociations entre le Royaume-Uni et Hitler avec Mussolini pour intermédiaire. Il me semble que ce film n'est pas à résumer en un biopic, il donne à voir aussi les difficultés du pouvoir, des choix cruels, en ces périodes de guerre.
Ce film a du style et ce Churchill, je l'aurai bien suivi jusqu'au Débarquement !
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Le 24 janvier, sur grand écran, il y aura La Douleur, adaptation du roman éponyme de Marguerite Duras dont j'ai un souvenir très fort. Alors, je me demande, j'hésite vraiment. Et puis, il y a aura un biopic sur Marie Curie. Je me demande aussi, peut-être un peu moins retenue, peut-être motivée par ce que j'ai lu dans le beau récit de Rosa Montero L'idée ridicule de ne plus te revoir.
Notre prochaine séance sera certainement pour 3 billboards . Et vous ?
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Commentaires
1 yuko Le 16/01/2018
2 Marilyne Le 16/01/2018
3 niki Le 16/01/2018
4 Valérie Le 16/01/2018
5 Marilyne Le 17/01/2018
@ Valérie : alors, peut-être, que je vais attendre ton retour.
6 Anne Le 17/01/2018
7 Marilyne Le 18/01/2018
8 maggie Le 20/01/2018
9 dasola Le 21/01/2018
10 Margotte Le 22/01/2018
Enfin, ton billet et tout de même bien détaillé pour les deux films. Bonne soirée !
11 Marilyne Le 23/01/2018
@ Dasola : Bonjour Dasola, j'attends ton billet sur les Heures Sombres, il nous a passionnés aussi ce film. Il faut reconnaître que W.Churchill avait un certain tempérament !
@ Margotte : je suis une adepte du cinéma. Avant, j'écrivais tout un long billet sur les films qui me semblaient les plus " marquants ". Mais c'est trop long ^-^. Alors, nouvelle formule, un ou deux billets par mois, plus synthétique. Cela permet quand même d'échanger. J'espère que tu pourras prendre le temps d'user de la formule :)
12 Mina Le 24/01/2018
J'ai noté Vers la lumière grâce à toi, il ne sort que fin février en Belgique, et suis curieuse de tes impressions pour 3 billboards (peut-être au programme de ce weekend pour moi). Quel est le titre du biopic sur Marie Curie ?
13 Marilyne Le 25/01/2018
14 Alys Le 31/01/2018
15 Marilyne Le 31/01/2018
16 Mina Le 05/04/2018
17 Marilyne Le 06/04/2018
Tu me rappelles que je voulais regarder s'il existait le CD de la musique du film.